Entente SSF et Santé Canada
« On est sur la ligne de départ »
Après une année de transition, la Société santé en français (SSF) aurait conclu une entente avec Santé Canada (SC) en vertu de la Feuille de route pour les langues officielles 2013-2018. L’annonce formelle se fait attendre, mais les activités reprennent dans les 16 réseaux.
Les détails de l’accord de contribution sont attendus avant l’été et confirmeront les intentions de la Feuille de route. Un total de 67,8 millions était prévu en santé, à partager entre les communautés francophones et anglophones. Mais la route n’était pas pavée d’avance, soutient le directeur général de la SSF, Michel Tremblay.
« On a reçu une petite portion de financement pour l’année de transition, explique-t-il, juste assez pour garder les portes ouvertes et maintenir les acquis. Il a fallu beaucoup de patience et documenter en détail toutes nos demandes. On peut commencer le travail sur notre plan d’action, on est sur la ligne de départ. »
L’entente vise la SSF et le Consortium national de formation en santé (CNFS), mais aucun des organismes n’est en mesure d’en dévoiler les termes. Les 2 et 3 avril, ils ont réuni les gestionnaires des deux réseaux pour planifier les quatre prochaines années.
« À ce stade-ci, précise l’agente des relations médiatiques de SC, Judith Gadbois-St-Cyr, nous ne pouvons confirmer le nom des projets qui seront financés. Cependant, compte tenu de leur importance, nous devrions faire une annonce d’ici quelques mois, une fois que tous les détails auront été réglés. »
Des normes de compétences linguistiques
Selon la relationniste, le ministère continuera de collaborer avec les provinces, les territoires et les communautés de langue officielle « afin d’améliorer l’accès à des services de santé dans la langue de la minorité. À cette fin, une formation sera donnée aux professionnels et des mesures seront prises pour les maintenir en poste; un soutien sera offert aux réseaux communautaires et de nouveaux projets régionaux seront menés à bien. »
Une des priorités demeure les ressources humaines, assure Michel Tremblay. « On ne peut rien faire si on n’a pas les personnes formées. On va travailler avec le CNFS pour recruter, valoriser et former en médecine, en soins infirmiers, en travail social et autres. » Des mesures nationales seront prises pour dépister les francophones au début de leur formation.
Côté organisation des services, une nouvelle initiative consistera à développer des normes de compétences linguistique et culturelle pour les milieux minoritaires. Selon le directeur général de la Société Santé et Mieux-être en français du Nouveau-Brunswick (SSMEFNB), Gilles Vienneau, « aucune norme n’existe au Canada et pas un établissement n’est évalué pour la capacité de communiquer avec le public.
« C’est pourtant aussi important que les normes sur les capacités cliniques, soutient-il. Il y trois ans, quand on a approché Agrément Canada, l’agence d’accréditation a pensé qu’on revendiquait un droit et la porte s’est fermée. Alors, la SSF a organisé une conférence nationale avec eux, Santé Canada et les Anglo-Québécois. On leur a démontré que les communications avec le patient ont un impact sur la qualité et la sécurité des services. »
La SSMEFNB a ensuite piloté une recherche sur les modèles normatifs disponibles en Europe et aux États-Unis. Agrément Canada a maintenant accepté de participer à un comité national avec Santé Canada et les communautés de langue officielle. Pendant que le comité se donne trois ans pour développer des normes, un projet pilote aura lieu au Centre cardiaque de Saint-Jean (NB).
L’accent sur la santé primaire
« Si tu prononçais un mot de français dans ce centre il y a 15 ans, rappelle Gilles Vienneau, tu te faisais parquer dans le corridor. C’était une situation semblable à celle de nouveaux arrivants qui endurent beaucoup avant d’aller se faire soigner. La solution courante, c’est l’interprétation. Mais ce n’est pas satisfaisant ni sécuritaire. »
L’établissement anglophone a accepté de se présenter pour une évaluation d’accréditation dans quatre ans, ajoute le directeur général. Une série de contrôles seront établis « pour voir où sont les manquements de communication en français. Le modèle d’expérimentation va nous permettre de tirer des conclusions. C’est une première au Nouveau-Brunswick. »
La SSF veut aussi augmenter l’offre active au sein des systèmes de santé. « Il y a encore un grand problème au niveau de l’accès, explique Michel Tremblay. Dans les établissements, les bureaux et les organismes, les francophones vont parler en anglais si on leur adresse la parole en anglais. Il faut aussi trouver des solutions pour l’affichage et le personnel. »
Les réseaux vont aussi renforcer les projets de santé publique, comme les écoles et les communautés en santé. L’approche permet de travailler sur les déterminants de la santé en posant la question suivante : qu’est-ce qu’on peut faire chez nous? Au Nouveau-Brunswick, dualité oblige, le réseau va collaborer avec la régie anglophone.
« La santé primaire, propose Gilles Vienneau, c’est le bon service à la bonne personne au bon moment. Le plus souvent ça ne se passe pas à l’hôpital, mais dans la communauté. » Sur une période de dix ans, la SSMEFNB va créer des équipes de santé avec les organismes communautaires pour la promotion et de la prévention.
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