Un moment opportun pour le nouveau café philo en Saskatchewan
Café philo virtuel
Neuf personnes ont participé à la 2e session du café philo grâce à l’application Zoom.
En ces temps de confinement, la solitude, le doute et l’angoisse peuvent faire surface. Une boisson chaude, un endroit calme, une connexion internet et un esprit ouvert : voilà le matériel dont ont besoin les participants du tout nouveau café philo qui se tient tous les mardis. Le nouveau lieu d’expression et de réflexion voit le jour au bon moment.
Une première session avait rassemblé le 17 mars huit participants au Carrefour Horizons de l’école Monseigneur de Laval de Regina. C’est désormais en ligne, grâce à l’application Zoom, que les participants se sont donné rendez-vous le 24 mars. La rencontre virtuelle d’une heure a rassemblé neuf participants et avait pour sujet « La croissance économique est-elle source de progrès social ? »
La communaté fransaskoise bénéficie ainsi de son tout premier café philo grâce à l’initiative de Marc Berthelemot, un Français de 19 ans fraîchement arrivé en Saskatchewan en tant que stagiaire pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). « À la base, ce projet devait voir le jour avec les élèves du secondaire, mais je me suis dit qu’il pouvait tout aussi bien s’appliquer à la communauté […] La situation du COVID-19 n’a finalement fait qu’accélérer sa mise en place », souligne le créateur et animateur du café philo.
Un moment de réflexion commune
Pour son concepteur, le café philo constitue avant tout un espace d’échange et de non- jugement où les participants s’expriment librement dans le respect de l’autre. « Je voulais vraiment que l’on se rapproche et qu’on puisse partager un espace pour discuter de comment on voit la vie ou l’humanité en général. Ce genre d’échange va créer des liens forts entre les gens et leur permettre même de faire évoluer leurs relations interpersonnelles », espère Marc Berthelemot.
Bien que son format se veuille détendu, le café philo est un parfait mélange de discussion amicale et de débats plus sérieux. « Mon but n’est pas de former des académiciens ou de grands intellectuels. Je voulais quelque chose de formel et d’informel. Le but est d’instaurer un climat de confiance où les gens peuvent s’exprimer sans avoir peur », complète Marc Berthelemot.
Un format flexible
L’animateur a choisi le premier sujet et a ensuite désigné une personne mystère pour le suivant, qui passe à son tour le relai. L’optimisme était le thème de la première session, un sujet qui tombe à pic en cette période de pandémie. La croissance économique était au cœur des discussions de la deuxième session, faisant une nouvelle fois écho à l’actualité.
« Le soudain ralentissement de notre train de vie révèle de nombreux aspects positifs, tant sur l’environnement que sur le tissu social […] En cherchant à tirer des conclusions sur tous ces changements, je me suis demandé si finalement notre salut ne viendrait pas d’une décroissance économique », réfléchit Sébastien Durand, participant choisi pour décider du sujet de la deuxième session.
Si la situation actuelle impose le format virtuel, la formule du café philo pourrait évoluer en fonction de la demande : « Les gens ont été réceptifs. Si le nombre de participants augmente encore, je suis prêt à animer un deuxième groupe […] Tant que les gens veulent continuer, ça me fait très plaisir d’animer les sessions », se réjouit Marc Berthelemot. Ce dernier ajoute qu’il consulte son équipe du CÉF, participant elle aussi aux sessions, afin de pouvoir améliorer l’animation.
Un moment rassembleur
Provoquant des sourires et des éclats de rire pendant ses sessions, le café philo semble constituer une bonne thérapie pour lutter contre l’isolement ou le manque de motivation en période de confinement.
« On a vraiment besoin de ce genre d’initiatives. On se sent moins seul. J’ai vraiment adoré participer, écouter les échanges et j’espère qu’on sera de plus en plus nombreux », témoigne Pierre-Emmanuel Komoé, l’un des participants.
Le café philo représente aussi une solution pour les gens qui veulent s’exprimer dans un milieu minoritaire où toutes les voix ne sont pas toujours entendues. « J’ai toujours cru qu’il n’existait pas suffisamment d’espaces où les citoyens peuvent débattre d’idées », souligne Frédéric Dupré, un autre participant.
Le café philo a lieu chaque mardi de 15 h à 16 h en ligne. Pour s’inscrire, contacter Marc Berthelemot à mberthelemot@cefsk.ca
Un café philo, c’est quoi ?
Né en 1992 au Café des Phares à Paris, le concept de café philo est lancé par Marc Sautet, maître de conférences en philosophie à l’Institut d’études politiques de Paris. Ce dernier tiendra ces rendez-vous philosophiques chaque dimanche jusqu’en 1998.
Puisant ses fondements dans les causeries des salons du 18e siècle, puis des cafés littéraires des siècles suivants, le café philo fleurit alors un peu partout en France.
L’idée repose sur la philosophie des Lumières qui fait de la discipline un objet communicable et partageable visant l’universalité.
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