Le jazz manouche de Christine Tassan aux quatre coins de la Saskatchewan
Christine Tassan et les Imposteures ont entamé une tournée intensive de 18 concerts en 21 jours en Saskatchewan, du 17 octobre au 6 novembre. De Django Reinhardt à Félix Leclerc, la virtuose de la guitare fait résonner le jazz manouche et le swing à travers les Prairies. Rencontre avec la musicienne dont le dernier album, Voyage intérieur, a été sélectionné pour deux prix Juno en 2022.
Faisons plus ample connaissance. D’où êtes-vous originaire ?
Je suis née à Paris, en France. J’ai immigré au Québec parce que j’y ai fait une partie de mes études et finalement j’y suis restée. Ça fait plus de 25 ans que j’habite à Montréal.
Quand avez-vous commencé à faire de la musique ?
J’ai commencé la guitare quand j’avais 11 ans. J’ai commencé par la guitare classique et, après ça, j’ai fait surtout de la chanson. Assez jeune, vers l’âge de 15 ans, j’ai commencé par écrire des chansons et à les jouer sur scène. Je me suis intéressée plus tard au jazz et notamment au jazz manouche de Django Reinhardt, et cela fait une vingtaine d’années que je joue ce style-là.
Quelles sont les origines du jazz manouche ?
Les origines du jazz manouche remontent directement à Django Reinhardt qui était un guitariste d’origine manouche très connu dans les années 1930 et 1940. Il a révolutionné le monde du jazz en jouant sur une guitare, ce qui ne se faisait pas tellement à l’époque comme soliste.
Django a fondé un groupe de swing qui s’appelait le Quintette du Hot Club de France avec le violoniste Stéphane Grappelli. Django a écouté Louis Armstrong et a marié son swing avec sa manière à lui de jouer et c’est devenu ce que l’on appelle le jazz manouche.
Qu’est-ce qui explique votre passion pour ce genre musical ?
J’ai découvert ce genre il y a une vingtaine d’années en écoutant des albums de Django, puis j’ai trouvé ça vraiment super bon ! Je m’intéressais déjà au jazz et à toutes les formes de musique improvisée, mais je trouvais que cette manière-là de jouer me parlait beaucoup.
Quel lien faites-vous entre jazz manouche et francophonie ?
Django est né en Belgique, mais il vivait en France. Le jazz manouche, c’est un jazz à la française car il vient du swing et est joué sur des instruments à cordes, comme le violon, la contrebasse et la guitare, ce qui n’est pas le cas du swing américain qui est plutôt joué sur des instruments comme les trompettes, les saxophones et les cuivres.
Avant d’être connu, Django a accompagné beaucoup d’accordéonistes français à Paris et des chanteurs, dont Jean Sablon, qui était un crooner français à l’époque des années 1930. Sa musique aussi est liée à la chanson française et à la chanson francophone en général, donc pour moi les deux sont liés.
Comment décririez-vous ce style de musique ?
C’est un jazz qui est très mélodique, mélodieux, assez chantant. Ce n’est pas quelque chose de cérébral, c’est vraiment quelque chose de très accessible, un peu comme une chanson. C’est ce qui fait que les gens, même s’ils ne connaissent pas le jazz, s’intéressent à cette musique-là. Ils aiment ça, parce que spontanément on reconnaît des airs et on s’accroche à cette musique-là.
À quoi peuvent s’attendre les spectateurs lors de vos concerts ?
Dans le spectacle que l’on propose, qui s’appelle Entre Félix et Django, on mélange la musique de Félix Leclerc et de Django Reinhardt et on fait un lien avec la francophonie. On a aussi adapté quelques morceaux de swing américain et mélangé de la musique de Django avec de la musique de compositeurs américains.
D’où vous est venue l’idée de ce spectacle ?
Félix Leclerc, dans les années 1950, était en France pour sa première tournée et logeait dans un petit hôtel du quartier de Saint-Germain-des-Prés. Une nuit, il a entendu quelqu’un qui jouait de la guitare et c’était Django. Le spectacle est basé là-dessus.
Jouez-vous aussi vos propres créations ?
Pendant la pandémie, j’ai sorti un album qui s’appelle Voyage intérieur et qui a été enregistré avec un quintette dans un style plus jazz moderne. L’album a d’ailleurs été en nomination pour deux prix Juno en 2022. On retrouve dans le concert des compositions que nous avons adaptées de cet album.
Est-ce votre première tournée en Saskatchewan ?
Non, on avait joué en 2010 un concert enregistré par la CBC à Saskatoon au théâtre Broadway en compagnie d’un autre groupe de jazz manouche. Et en 2018, on est venus faire une vitrine à Regina avec le réseau anglophone du Conseil des arts de la Saskatchewan OSAC.
Ce sont eux qui nous ont engagés et nous devions venir en mars 2020, mais tout a été annulé en raison de la pandémie. C’est une tournée qui a été reportée à maintenant et nous sommes vraiment contents de la faire. La tournée se déroule à un rythme effréné, mais c’est chouette, car tant qu’à faire une tournée, autant qu’il y ait plusieurs dates !
Pour retrouver toutes les dates de la tournée de Christine Tassan et les Imposteures dans la province, rendez-vous sur le site web de l’artiste.
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