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Article de l'Eau vive

Leanne Tremblay
/ Catégories: Arts et culture, Musique

Le cabinet de curiosités de Raphaël Laliberté-Desgagné

Le 25 avril est sorti le tout premier album de pol, artiste multi-instrumentaliste d’origine fransaskoise, établi à Québec, mieux connu sous son vrai nom de Raphaël Laliberté-Desgagné. Cabinet de curiosités comprend treize titres, chacun riche d’une histoire. Rencontre.

Que représente un cabinet de curiosités à vos yeux ?

Pour moi, un cabinet de curiosité, c'est un genre de condensé de la vie. Il y a plein d'objets éclectiques qui ne semblent pas avoir de lien les uns avec les autres. Puis, dès que tu prends un pas de recul, c'est là que tu vois tout l'ensemble et ça fait du sens.

Quand j'ai commencé à écrire, c'était une façon de stimuler mon écriture. J'avais besoin d'un angle pour savoir de quoi j'allais parler et comment j’allais en parler. Ça ne me tentait pas de parler de moi et de ma propre expérience de vie.

Je regardais le monde autour de moi puis les histoires qu’on me racontait et j'essayais de les traduire en musique comme si c'était un petit objet. C'est comme un langage de création pour moi.

Que peut-on trouver dans votre cabinet de curiosités ?

Ce sont les histoires de gens qui m'entourent, qui m'ont marqué. J'ai quelques histoires personnelles aussi dedans.

Je voulais que ça puisse servir de miroir au monde, que le monde puisse écouter ces chansons-là, puis se retrouver à l'intérieur. Comme un peu des mythes ou des comptes.

La création d’un album est souvent décrite comme une quête de soi. Était-ce le cas pour vous ?

Au début, ce n'était pas l'intention. Mais on reçoit toujours les histoires par notre perception, un peu teinté de soi-même. Le but n’était pas nécessairement de me trouver, mais je pense ça a été une conséquence du processus. On ne se trouve jamais vraiment, mais on se rapproche.

Vous avez fait cet album de façon solo. Pourquoi ?

J'avais vraiment le goût d'explorer toutes les facettes de la création : la production, l'enregistrement, l'écriture, tout ça fait partie du craft. J'avais le goût de développer ces outils.

Je travaille beaucoup en tant qu'interprète, puis en tant que réalisateur sur d'autres projets. Quand on travaille avec du monde, les idées se diluent ou s'enrichissent. En tout cas, on perd un peu sa trajectoire initiale. Pour mon album, je savais où le projet s’en allait, je voulais que le processus déteigne autant sur l'œuvre que l'œuvre elle-même.

Avez-vous une chanson préférée parmi les treize « curiosités » ?

Of course ! Ma chanson préférée, c'est M. Aho. C'est une chanson dont je suis vraiment fier. C'est la dernière que j'ai enregistrée. J'avoue que ça a été un long processus vu que j'ai tout fait seul. C’est cette chanson qui me ressemble le plus aujourd'hui.

Vous allez bientôt offrir une expérience assez spéciale intitulée Ceci n’est pas un spectacle. De quoi s’agit-il ?

L'idée est née après beaucoup de réflexion par rapport à la diffusion de la musique. Je trouve que c'est difficile ces temps-ci de s'offrir un spectacle. Il y a moins de monde qui est intéressé, surtout par la musique émergente.

J’ai réfléchi aux médiums comme Spotify. La musique est accessible à un point où, selon moi, ça la dévalorise un peu, ça devient quelque chose qu'on entend continuellement plutôt que quelque chose qu'on écoute activement.

L’idée est de faire des spectacles intimes pendant deux jours pour des groupes de 1 à 6 personnes. Le public choisit trois chansons, un peu comme s’il faisait sa playlist sur Spotify ou Apple Music.

Pour bonifier l'expérience, il y a un mix de haute qualité qui est fait dans leurs écouteurs comme s’ils écoutaient un album. Je cherche vraiment à amener l'auditeur à réfléchir à son écoute de la musique. Souvent, on regarde un spectacle comme un show plus qu’on n’écoute la musique. Ceci n’est pas un spectacle essaie de transgresser tout ça.

Vos origines fransaskoises influencent-elles votre musique ?

C'est plus quelque chose de subconscient. Il y a des chansons qui parlent un peu de ma nostalgie des Prairies, mais pas directement.

Je me suis toujours un peu senti outcast à Québec, mais d’une bonne façon, dans le sens où je sens que je viens d’ailleurs et que j'ai quelque chose de différent à exprimer.

J'ai un bagage différent et ça me définit en tant que personne, autant dans la façon d’écrire que de percevoir les choses. Donc ça déteint sur mon écriture.

À la rencontre de pol

Raphaël Laliberté-Desgagné est auteur-compositeur-interprète, réalisateur et multi-instrumentaliste basé à Québec.

Il a grandi au sein de la communauté fransaskoise à Regina où il a fréquenté l’école Monseigneur de Laval. Il a participé à plusieurs éditions du Francothon et aux tournois de sport locaux.

Installé à Québec depuis plus de 10 ans, il a collaboré en tant que réalisateur avec divers artistes tels que Clara Dahlie, Argile et Florence Breton, ou encore à titre d’interprète avec Valence, Bonanza, Ariane Roy et Gaspard Eden.

Plus de renseignements sur le site de l’artiste polveutjouer.bandcamp.com.

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