Élections fédérales : les Saskatchewanais, conservateurs un jour, conservateurs toujours ?
Le Canada traverse une période déterminante pour son avenir. Notre « fidèle » allié et voisin du sud, les États-Unis, mène une guerre commerciale à coup de tarifs injustifiés contre notre économie.
L’administration Trump menace aussi directement notre souveraineté en proposant que nous devenions le 51e État américain.
C’est dans ce contexte exceptionnel que s’inscrivent les élections fédérales. Est-ce que cette menace existentielle pour le pays changera la manière dont voteront les citoyens et citoyennes de la Saskatchewan ?
Deux partis sont en tête dans les sondages, les libéraux avec près de 6 points d’avance sur les conservateurs en date du 15 avril selon l’outil Poll Tracker de CBC.
L’état des choses est étonnant, étant donné que les conservateurs jouissaient d’une avance de près de 25 points sur les libéraux au début de l’année. Depuis l’entrée sur scène de Mark Carney, on assiste à une montée de l’appui pour les libéraux. Comment expliquer ce renversement soudain ?
Les chefs de ces deux partis sont profondément différents tant par leur profil que leur politique.
D’un côté, Mark Carney, économiste de formation qui détient un doctorat de l’Université d’Oxford, qui a occupé les prestigieux postes de gouverneur de la Banque du Canada entre 2008 et 2013, puis gouverneur de la Banque d’Angleterre entre 2013 et 2020.
De l’autre, Pierre Poilièvre, détenteur d’un baccalauréat de l’Université de Calgary, politicien de carrière, engagé comme étudiant pour le mouvement conservateur, impliqué avec le Reform Party et Canadian Alliance en Alberta, avant d’être élu comme député du Parti conservateur en 2004 à l’âge de 24 ans.
Si Mark Carney incarne le calme, la modération et le professionnalisme, Pierre Poilièvre semble miser sur les attaques personnelles, les slogans agressifs et un mépris pour les médias, les universités et autres acteurs dits ‘wokes’.
Au vu du contexte exceptionnel dans lequel s’inscrivent ces élections, n’est-ce pas important d’avoir un chef de parti qui détienne les connaissances, l’expérience et le tempérament nécessaires pour faire face à l’administration Trump ?
Le bon sens pousse à dire, comme les sondages le démontrent, que Mark Carney détient clairement les compétences et l’expérience requises pour tenir la barre des finances d’un État dans des temps troublés.
D’autre part, en considérant l’historique de ces deux partis en matière de langues officielles, rappelons seulement que le dernier gouvernement libéral a été le premier à bonifier les ententes de financement pour la francophonie en situation minoritaire, après plus d’une décennie de stagnation sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Malgré tout, la Saskatchewan demeurera probablement une forteresse conservatrice. Même si un sondage publié le 13 avril par CBC montre que la course est serrée dans les deux plus grandes villes de la province. En effet, à Regina, les libéraux ont l’appui de 37 % des électeurs, contre 42 % pour les conservateurs. À Saskatoon, 38 % des électeurs appuient les libéraux tandis que 43 % appuient les conservateurs.
Qui sait, peut-être que l’exceptionnalité de ces élections amènera aussi un vent de changement de couleur pour la province.
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