L’Île aux fleurs
Rue de la Liberté, Fort-de-France, Martinique
Photo : Michel Vézina (2018)
L’histoire a le don de sculpter les contours de notre environnement patrimonial et de faire en sorte que des décisions prises dans le passé influencent notre présent. Le mois de mars est en large partie consacré à la Francophonie, avec les Rendez-vous de la Francophonie, du 1er au 21 mars, et la Journée internationale de la Francophonie, le 20 mars.
N’eut été d’une décision prise en 1763, l’Amérique du Nord (le Canada et une bonne partie des États-Unis) aurait aujourd’hui une toute autre vitrine linguistique et culturelle. Le traité de Paris de 1763 a mis fin à la guerre de Sept Ans qui a opposé, entre autres, la France et la Grande-Bretagne, et fait rage dans les colonies d’Amérique. Aux termes du traité, la Grande-Bretagne a obtenu de la France l’Île Royale, l’Isle Saint-Jean, l’Acadie, le Canada, le bassin des Grands Lacs, la rive gauche du Mississippi, Saint-Vincent, la Dominique, la Grenade et Tobago. En retour, la France a acquis Saint-Pierre-et-Miquelon et recouvré la plupart de ses îles à sucre : la Martinique, la Guadeloupe et Saint-Domingue.
Au fil de notre croisière dans les Antilles, nous avons fait escale en Martinique, dans l’archipel des petites Antilles. Elle est surnommée « l’île aux fleurs » en raison des nombreuses fleurs de la famille des Zingiberaceae peuplant les sous-bois. Mais c’est à Christophe Colomb qu’on doit son nom, en raison de son arrivée sur les lieux en 1502, le jour de la Saint-Martin.
La première colonie française y a été établie en 1635. On y retrouve aujourd’hui environ 384 000 habitants. L’économie est fortement de niveau tertiaire, donc de services ( 84,2 % ), contre 13,4 % pour l’industrie et la construction et 2,3 % pour l’agriculture ( canne à sucre - rhum, ananas ), la pêche et l’aquaculture. Elle concurrence la Guadeloupe comme destination touristique. Fort-de-France est la capitale de la Martinique. Au fil de l’histoire, elle sera en concurrence avec la ville de Saint-Pierre. De nombreuses catastrophes naturelles détruisent Fort-de-France. Mais l’éruption de la Montagne Pelée, en 1902, détruira la ville de Saint-Pierre, tuant la quasi totalité de ses trente milles habitants*, et fera en sorte que Fort-de-France deviendra la capitale.
Bordée d’un côté par l’océan Atlantique et de l’autre par la mer des Caraïbes, la Martinique connaît deux saisons : une saison sèche de février à avril et une saison humide de mai à novembre. On y classe le climat comme état tropical, plutôt humide. La température moyenne annuelle est de 260oC. Lors de notre escale, en janvier, il y faisait près de 300oC. Nous en avons profité pour aller visiter la ville de St-Pierre, voir quelques vestiges de l’éruption volcanique de 1902.
Après une virée sur l’île et dans la capitale, il était temps de regagner notre navire.
N’eut été du traité de Paris, au lieu de visiter une Martinique française, peut-être aurions-nous fait escale dans une autre île britannique et peut-être (on peut toujours rêver en couleurs), qu'on se promènerait d’un bout à l’autre du Canada et d’une bonne partie des États-Unis dans une région francophone, aux divers accents et dans une mouture complètement différente de celle des défis que nous avons à relever pour assurer la vitalité de la Francophonie tant au Canada qu’en Saskatchewan.
*Un prisonnier, Ludger Cylbaris (un des rares à s’en tirer vivant), a survécu dans sa cellule et fait une partie de sa vie au cirque Barnum. Victor Depaz, qui était aux études en France, a perdu toute sa famille. Il est revenu et a créé en 1917, 15 années jour pour jour après le drame, une production de rhum, mondialement connue aujourd’hui, le Rhum Depaz.
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