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Article de l'Eau vive

Michel Vézina

Passer les traditions

La Ribambelle en spectacle en 1987

La Ribambelle en spectacle en 1987

Fête fransaskoise à Prud'homme
Photo : L'Eau vive (1987)
Depuis que les deux troupes de danses folkloriques de la communauté fransaskoise ont cessé d’exister, un vide s’est créé. Les Danseurs de la Rivière La Vieille, à Gravelbourg, et La Ribambelle, à Saskatoon, jouaient un rôle de passeurs de traditions.

La musique et la danse traditionnelles ont toujours eu de la difficulté à se situer dans le continuum des arts. Elles sont un peu les malaimées tout comme la musique country qui peine à trouver sa place. La musique traditionnelle est particulièrement populaire à la période des Fêtes. Si vous voulez entendre cette musique, c’est entre Noël et le jour de l’An, période où les groupes œuvrant dans ce domaine font face à une grande demande et où les groupes de danse animent les soirées, que vous serez comblés.

Il y a une région au Canada où les arts traditionnels connaissent une vitalité remarquable : la région de Lanaudière, au Québec. Lorsque vous écoutez un groupe de musique traditionnelle ou que vous voyez une troupe de danse, il y a de fortes chances que le groupe ou plusieurs de ses membres viennent de cette région. La station CFNJ, la radio qui dessert cette région, a plusieurs émissions consacrées à la musique traditionnelle et elles couvrent toute l’actualité de ce secteur musical. Tous les ans, dans ce coin du pays, on retrouve plusieurs festivals de musique traditionnelle et la danse y est un des éléments importants. D'ailleurs, le festival Mémoires et racines, qui a lieu à la fin de juillet, a une renommée mondiale. Même le secteur de l’éducation s’en mêle, puisque le Cégep de Lanaudière y offre une formation dans le domaine du Trad, comme on dit maintenant.

Dans l’Ouest, il y a le groupe manitobain Ensemble folklorique de la Rivière Rouge qui tient le phare avec son école de danse, ses troupes pour adultes et pour jeunes, sa participation au pavillon francophone de Folklorama et au Festival du Voyageur ainsi que ses multiples voyages à l’étranger ou au Canada.

Du côté de l’Alberta, c’est la troupe La Girandole, d’Edmonton, qui joue le même rôle avec son groupe Zéphyr, l’élément jeunesse de sa structure. Dans cette troupe, nous retrouvons aussi une école, des spectacles dans le cadre de différents événements et des voyages à l’étranger ou hors province. Il y a aussi Les Cornouillers, en Colombie-Britannique, dont on entend moins parler, mais qui répondent certainement à la même description que les autres groupes folkloriques.

Le financement de ces organisations est le nerf de la guerre. Les groupes folkloriques ne correspondent généralement pas aux critères des bailleurs de fonds, tout  comme bien d’autres organismes d’ailleurs. Ce ne sont pas des groupes culturels au sens où on l’entend habituellement. Comment leur affecter des fonds ? Bien des questions sont restées sans réponses dans ce domaine. Quant à l’autofinancement, lorsqu’on œuvre dans des milieux hyperminoritaires, c’est faisable ou très difficile, surtout que ces troupes sont composées principalement de bénévoles qui paient déjà un montant pour leur adhésion.

Et pourtant, la musique et la danse traditionnelles révèlent toute une histoire, quand on prend le temps de les décortiquer : de la musique et des danses apportées par les premiers Français venus en Nouvelle-France, jusqu’à la musique aux accents modernes de la Bottine souriante ou de Mes Aïeux, en passant par les ritournelles et la turlute de la Bolduc. En ce qui nous concerne, en fransaskoisie, j’ai espoir que la plus récente initiative de la Société historique de la Saskatchewan d’organiser des ateliers Trad pourra raviver la flamme. Espérons-le !

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