Nationalisme versus Patriotisme
Le président français, Emmanuel Macron, a pris la parole, lors des cérémonies soulignant le centenaire de l’Armistice de la Première Guerre mondiale, pour dénoncer la montée du nationalisme. Selon lui, le nationalisme est le contraire du patriotisme et porte les semences de la haine identitaire et des volontés guerrières à l’origine des deux grandes guerres mondiales. Il a affirmé que le nationalisme est une forme de « trahison » à l’égard de la patrie parce que les nationalistes fomentent la division et la haine envers les « autres ». Il faisait ainsi référence à une citation de Charles de Gaulle : « le patriotisme, c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres. »
Dans un pays ou dans une communauté, il existe des citoyens, des acteurs sociaux, des institutions et des mécanismes politiques visant, avec chacun leurs particularités, à faire prospérer ce « pays ». Chacune de ses parties, tout en ayant sa propre autonomie, sait combien l’interdépendance est au cœur de la réussite du projet commun. Aimer sa patrie c’est chercher à collaborer avec les acteurs qui nous entourent, cela nous renforce tout en permettant qu’un sens d’appartenance à ce « pays » s’épanouisse.
Le « père ou la mère » de la patrie cherche à maintenir la cohésion sociale et un climat de collaboration et de solidarité nécessaire pour protéger la patrie. Bien que les conflits soient inévitables, les divisions, évictions et autres formes d’exclusion peuvent facilement faire dérailler ce projet de société. L’équilibre donnant le goût de vivre ensemble est très fragile. Le décrochage des citoyens est si facile.
À l’échelle communautaire, nous retrouvons la même dynamique nécessaire de collaboration et d’esprit de corps pour nous soutenir mutuellement. Il importe de s’assurer qu’aucune de nos parties ne s’affaiblissent ou ne se séparent. La communauté est aussi forte que ses parties prenantes. Comparativement à un pays, les effets de la division à l’échelle communautaire seront bien plus dommageables et plus rapidement.
La montée du nationalisme à l’échelle internationale est (encore) un fait contemporain. Elle s’exprime sous la forme du protectionnisme économique, de la xénophobie rampante, d’une nostalgie puriste ou encore, d’un égocentrisme démesuré des leaders. Comment le « nationalisme » s’exprime-t-il au sein d’une communauté aussi petite que la nôtre ?
Le premier symptôme bien connu est de percevoir les autres organisations (nations) comme étant des compétiteurs. Ceci entraîne le renfermement sur soi, le secret, les suspicions et évidemment, le refus de partager ou de collaborer avec une entière honnêteté.
Le second symptôme du nationalisme communautaire prend la forme de « leaders » qui sont d’abord là pour leurs intérêts personnels. Le nationaliste est un égoïste qui cherche à construire son propre avenir grâce à sa position de pouvoir. Il cherche à plaire à ses amis et à s’assurer une voie de sortie dorée. Ce faux « leader » va attaquer, dénoncer et expulser toute forme d’opposition à son autorité. C’est d’ailleurs pour cette raison que le nationalisme cultive les régimes autoritaires.
Le troisième symptôme est de « démoniser » les institutions constitutives de la communauté qui pourraient déstabiliser l’autorité dominante. Au niveau national, ce sont les journalistes ou le système judiciaire qui sont les premiers boucs émissaires de ce symptôme. Au niveau communautaire, on va s’attaquer aux instances de gouvernance qui peuvent influencer le pouvoir en place ou les individus qui osent affirmer leur opposition. Les attaques contre la Commission indépendante lors des élections de l’ACF en 2017 étaient de cet ordre. Quiconque respectait vraiment la communauté fransaskoise et le bien collectif aurait aussi respecté cette Commission, et ce, quoiqu’en disent les autorités extérieures à la communauté. Refuser l’autorité des institutions d’une communauté, c’est refuser l’essence même de cette communauté.
Ainsi, le nationalisme est un mal social qui s’incarne par des gestes, des gens et des politiques qui vont à l’encontre d’un processus de développement global qui soit aussi rassembleur que possible. Le développement collaboratif et solidaire, que ce soit dans un pays ou une communauté, constitue le terreau d’une humanité capable de grandir, d’inclure et de protéger les plus vulnérables tout en renouvelant régulièrement une vision d’avenir partagée.
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