Visite royale à Ottawa : réconciliation, fascination et queue de Castor
Sur les trois jours de leur périple au Canada, le Prince Charles et son épouse Camilla, Duchesse de Cornouailles, ont consacré une journée dans la capitale fédérale. Si la raison de leur visite était d’honorer le Jubilé de Platine de la Reine Elizabeth II, la réconciliation avec les Premières Nations, deux mois avant la venue du pape, s’est invitée dans leur visite ottavienne.
« Il m’a touché la main, il m’a touché la main ! » C’est la phrase qui a parcouru les rangs d’élèves surexcités, juste après le passage du Prince Charles et de sa femme Camilla dans la cour de l’école catholique Assumption du quartier Vanier, le 18 mai.
Réconciliation
Le couple royal s’est fait surprendre par une cérémonie au tambour et une cérémonie de « smudging » par le chef anichinabé JD Anderson Okima, survivant d’une école résidentielle.
Le chef leur a remis des documents qui rappelaient, entre autres, le génocide et les tortures psychologiques et physiques subies au sein de ces écoles le siècle dernier. L’un des documents listait les vœux du Chef Okima, selon ce dernier, pour marcher ensemble sur « le chemin de la vérité et de la réconciliation ».
« C’était la seconde fois que je rencontrais le prince, a ajouté le Chef, en anglais. La première fois, c’était au milieu des années 90. À l’époque, j’avais aussi informé le prince de nos revendications et des actions qu’il fallait prendre [pour la réconciliation]. La situation n’a pas changé depuis trente ans. »
C’est la jeune OuSaline qui était chargée de remettre les documents au prince. « Un symbole, en hommage aux femmes et filles autochtones disparues », a précisé le Chef JD Anderson Okima.
« Mon père va tomber dans les pommes »
Les parents et élèves de l’école, dont une bonne partie était de nouveaux arrivants du Nigéria et du Cameroun, ont eux aussi pu échanger quelques mots avec le Prince Charles.
Kayode Ogungbile, père nigérian d’un enfant en 5e année, a pris un jour de congé pour assister à l’évènement : « J’ai grandi avec cette [figure] du prince et je l’ai toujours admiré. Il est venu quelques fois dans mon pays, mais je ne l’avais jamais vu en face à face. La rencontre ici avec lui va me marquer longtemps. »
Le matin, à Rideau Hall, la gouverneure générale du Canada Mary May Simon a nommé le Prince Charles Commandeur extraordinaire de l’Ordre du mérite militaire. Une décoration créée il y a 50 ans tout juste.
Le couple a également observé une minute de silence et a déposé une gerbe de fleurs devant le Monument commémoratif de la Guerre, où une foule de plusieurs centaines de personnes s’est rassemblée pour tenter d’apercevoir, de photographier ou même de donner fleurs et cadeaux au couple.
Nancy, une Québécoise en vacances à Ottawa, observe un certain respect pour la royauté : « Pour moi, la Reine représente les colonies. Je ne crois pas vraiment [à la royauté], mais je trouve qu’il y a une beauté dans le décorum, l’étiquette. J’ai du respect pour ça [même si] c’est une grosse affaire et [qu]’ il y a beaucoup d’argent dans ce type d’évènement. »
L’aspect de réconciliation avec les Premiers peuples est plus confus pour Nancy : « Je ne sais pas si des excuses suffisent. Il faut de l’argent dans des infrastructures qui fonctionnent pour les aider. C’est terrible, ce qu’il s’est passé dans ces écoles. »
Admirateurs de la famille royale ou simples curieux passés par hasard, la foule s’est ensuite déplacée au Marché By, célèbre pour ses queues de castor. « Mon père va tomber dans les pommes quand je vais lui montrer la vidéo, glisse une jeune femme à son amie, en filmant le couple noyé dans la foule à deux mètres d’elle. Il adore la royauté, je ne sais pas pourquoi. Tu crois qu’ils vont les manger, les queues de castor? Je les vois plus… » Leur question est demeurée sans réponse.
Deux adolescents de 19 ans un peu à l’écart voient davantage les membres de la famille royale comme « des célébrités, c’est tout. On s’est arrêtés pour voir ce qui se passait, mais on ne serait pas venus exprès pour eux ».
Le Prince et la Duchesse, arrivés à Saint John’s à Terre-Neuve-et-Labrador la veille, poursuivent son itinéraire le 19 mai à Yellowknife et Dettah, aux Territoires-du-Nord-Ouest.
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