Anne Leis à la défense de la langue et de la santé des francophones en milieu minoritaire
Anne Leis, directrice du Département de santé communautaire à l’Université de la Saskatchewan, figure parmi les personnalités de l’année 2024 du Palmarès Francopresse. Depuis plus de 30 ans, la résidente de Saskatoon défend avec passion la langue et les droits des francophones en milieu minoritaire, tant en Saskatchewan qu’à l’échelle nationale. Auprès de L’Eau vive, elle revient sur son parcours, ses engagements et ses projets pour les francophones du Canada.
Félicitations pour votre nomination en tant que Personnalité de l'année dans le Palmarès Francopresse 2024. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
Merci beaucoup ! Je ne m’y attendais pas du tout. J’avais déjà été nommée il y a quelques années, mais cet honneur reste une surprise. Cela représente une grande reconnaissance pour mon travail et mes engagements.
Votre travail a des répercussions notables sur les communautés francophones en milieu minoritaire. Comment décririez-vous votre contribution ?
Depuis mon arrivée à Saskatoon en 1990, je me suis engagée à défendre les francophones en milieu minoritaire.
En 1993, j’ai participé à la création de la gestion scolaire francophone en Saskatchewan. Cet engagement a permis de poser les bases d’un système éducatif francophone solide dans la province.
En tant que professeure en santé publique, j’ai été membre d’un comité consultatif fédéral sur la santé des francophones en milieu minoritaire.
Ce travail a mené à la création de la Société Santé en français et du Consortium national de formation en santé. J’ai également présidé la Société Santé en français de 2018 à 2024.
Comment votre travail en santé publique rejoint-il vos engagements communautaires ?
Mon approche a toujours été d’améliorer l’accès et la qualité des services en français, que ce soit en éducation ou en santé. Les deux domaines sont interconnectés et essentiels pour combattre les inégalités.
Quelles sont les valeurs fondamentales qui guident vos initiatives ?
Obtenir des résultats concrets et promouvoir l’égalité sont au cœur de mes actions.
Par exemple, dans le domaine de la santé, les services ne sont souvent pas adaptés aux besoins des francophones, ce qui entraîne des erreurs de diagnostic et des retards.
Il est crucial de promouvoir la santé dans une perspective globale pour atteindre une égalité réelle.
Qu’est-ce qui distingue vos recherches en santé communautaire ?
Mon travail se base sur les réalités des communautés. J’ai d’abord étudié les impacts psychosociaux du cancer, avant de m’intéresser aux inégalités linguistiques en santé.
J’ai toujours favorisé une approche collaborative, impliquant les communautés et les gouvernements à chaque étape de mes recherches.
Vous avez également travaillé sur les effets de la pandémie au sein des familles francophones. Quelles conclusions en avez-vous tirées ?
La pandémie a mis en lumière l’absence de données sur les francophones, surtout dans les Prairies.
Nos recherches ont révélé des besoins criants en matière de communication et de soutien pour les minorités linguistiques. Cela a souligné l’importance de collecter des données inclusives.
Pouvez-vous donner un exemple concret de l’impact de vos projets ?
Le programme Départ Santé, que nous avons développé, a eu un impact direct sur la santé des enfants en garderie.
En se concentrant sur l’activité physique, la nutrition et la santé mentale, ce programme a été implanté dans plusieurs provinces et reste un modèle de partenariat communautaire.
Quels sont vos projets futurs ?
Je souhaite renforcer la sensibilisation et la formation pour contrer la perte du français chez les professionnels de santé.
Cela passe par des stages en français et des initiatives locales pour retenir les diplômés dans les régions francophones. Je veux également consolider les partenariats entre les gouvernements et les communautés pour garantir des solutions durables.
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