Intégration des femmes immigrantes : en parler pour faciliter les choses
À l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, le Service d’accueil et d’inclusion francophone de la Saskatchewan (SAIF-SK) a organisé un après-midi entre femmes afin de parler de santé mentale, mais surtout pour faire le point sur l’intégration des femmes immigrantes.
« On a tendance à tenir pour acquise notre santé mentale. Pourquoi ? Peut-être parce que nous n'avons pas toujours les mots pour en parler. Peut-être parce que dans notre entourage, dans nos cercles, c'est tabou », a lancé Francine Proulx-Kenzle, formatrice et consultante certifiée en premiers soins en santé mentale.
La rencontre a vite évolué vers une discussion sur les défis que rencontrent les femmes immigrantes dans leur intégration dans la province.
Pour la consultante, l’enjeu était de donner à ces femmes des outils concrets en vue de s’aider soi ou autrui, de réduire les tabous et la stigmatisation, et d’accroître leur compréhension personnelle en matière de santé mentale.
Une nouvelle vie
Le déménagement vers un pays étranger est souvent synonyme de grand stress pour ces femmes. Si chacune le vit différemment, plusieurs facteurs de difficulté sont communs.
Francine Proulx-Kenzle a ainsi incité les participantes à lâcher prise pour mieux s'ouvrir à de nouvelles expériences. Une adaptation pas toujours aisée.
« Cette notion de "prendre soin de soi" est clé pour s'intégrer. J'ai connu des femmes immigrantes qui ont vécu des déclins dans leur bien-être mental, par exemple avec des symptômes de dépression. Ce n'est pas honteux, ce n'est pas une faiblesse. C'est la réalité », souligne la consultante.
Alors, comment faire ? L’experte en santé mentale a insisté sur l’importance de bien s’entourer : soit en se confiant à des proches ou à un cercle de soutien, voire en consultant un professionnel de la santé.
« En parler est vraiment important. Refouler ses sentiments ne peut qu’empirer la situation », insiste l’animatrice.
Une participante illustre ces propos de par son expérience : « Ça fait trois ans que je suis au Canada, mais je ressens toujours ce manque d’appartenance. Avant de commencer mon travail actuel, c’était très dur, je ne voyais presque personne et j’étais au bord de la dépression. »
Bien s’entourer
Pourtant, ces femmes peuvent notamment compter sur les organismes communautaires, dont le SAIF qui joue un rôle de première ligne dans l’établissement des nouveaux venus.
« On reçoit tous les jours des nouveaux arrivants, des familles avec enfants ou juste des couples. L’intégration des enfants, dans la majorité des cas, n’est pas un problème. Les hommes, eux, se retrouvent plutôt facilement. Mais la femme est toujours un peu plus réservée et a du mal à trouver sa place », notent les membres du SAIF.
Ainsi le SAIF organise-t-il « des réunions spéciales femmes pour leur donner l’occasion de souffler, mais aussi de se retrouver entre elles et tisser des amitiés ».
Le Réseau Santé en français (RSFS) offre quant à lui un service gratuit de ligne d'écoute empathique accessible en tout temps.
D’autres associations peuvent aider les nouvelles arrivantes à trouver leur place dans ce nouvel environnement qu'est la Saskatchewan.
Une participante à un cercle de conversation témoigne : « Il y a quelques mois, j’ai décidé de me faire aider par un professionnel, mais en cachette, car j’avais honte et peur d’avoir une étiquette sur mon dos. Aujourd’hui, j’en suis même fière et je peux le partager haut et fort. »
Une autre participante se dit elle aussi ravie d’avoir trouvé de l’aide : « Quand je suis arrivée au Canada il y a six mois, je me battais avec moi-même pour surmonter ces problèmes d’intégration, pensant que j’étais la seule responsable et que personne ne pouvait m’aider. »
« Aujourd’hui, je découvre qu’il y a beaucoup de ressources, que ce soit des centres d’intégration, des professionnels de santé ou encore des femmes comme moi avec qui je peux simplement échanger. Alors, merci ! Je pourrais même dire qu’aujourd’hui est l’un des plus beaux jours de ma vie », conclut-elle avec émotion.
L’événement était organisé en partenariat avec l’Association communautaire fransaskoise de Regina (ACFR), le Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS) et l'Association des parents fransaskois (APF).
41