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Article de l'Eau vive

Claudia Sheinbaum : femme de tête, femme de cœur

Claudia Sheinbaum : femme de tête, femme de cœur

Mairesses, députées, ministres, parfois premières ministres ou présidentes, il y a de plus en plus de femmes en politique. Les suffragettes du début du 20e siècle n’ont pas lutté en vain.  Certes, tout autant que leurs homologues masculins, elles ne forment pas un bloc homogène. Certaines sont à droite, d’autres à gauche, certaines nous inquiètent, d’autres, comme Claudia Sheinbaum, nous inspirent.

Première femme élue à la présidence du Mexique, Claudia Sheinbaum est née en 1962 à Mexico.

Fille de scientifiques, petite-fille de juifs ayant fui les pogroms et le nazisme en Lituanie et en Bulgarie, elle est la première personne juive élue à ce poste.

Ses « origines étrangères » lui ont valu des critiques, l’ancien président Vincente Fox (2000-2006) l’ayant qualifiée « d’étrangère juive ». 

Comme ses parents, Claudia Sheinbaum est une scientifique. En 1995, elle devient la première Mexicaine à obtenir un doctorat en ingénierie énergétique.

Climatologue, spécialiste de l’efficacité énergétique, elle est une des auteurs du cinquième rapport d’évaluation du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) paru en 2014. De 2015 à 2017, on la retrouve au Comité des politiques de développement de l’ONU.

De la science à la politique

Durant ses études à l’Université autonome du Mexique, Claudia Sheinbaum participe à des mouvements de solidarité avec les luttes ouvrières et paysannes.

Avec des amis, elle se rend dans des régions particulièrement pauvres pour installer des systèmes de cuisson plus performants. Elle participe au mouvement étudiant de 1987 pour le maintien de l’enseignement universitaire gratuit.

En 2000, le maire de Mexico, López Obrador (qui deviendra président en 2018) la nomme secrétaire à l'environnement, poste qu'elle occupera pendant six ans.

En 2014, elle rejoint le parti de gauche récemment fondé par Obrador, le Mouvement de régénération nationale (Morena). Et en 2018, elle devient la première femme élue maire de la ville de Mexico.

Les questions écologiques et une forte politique sociale caractérisent son mandat. Elle défend des politiques ambitieuses en termes d’énergie renouvelable et de développement durable.

Elle cherche à rendre la mégapole plus verte tout en réduisant son empreinte carbone. Elle œuvre à la modernisation des transports publics, améliore le traitement des déchets, distribue des aides sociales dans les quartiers les plus pauvres.

Nommée candidate à la course à la présidence en septembre 2023, elle remporte l’élection en juin 2024 avec près de 60 % des votes et entre en fonction le 1er octobre. (Fait intéressant, sa rivale de centre droit était aussi une femme, Xochitl Galvez).

Sa politique s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur López Obrador : réduction du taux de pauvreté, augmentation du salaire minimum, amélioration du système judiciaire et des services de santé publique.

À la différence d’Obrador, Claudia Sheinbaum remet les enjeux féministes à l’avant-plan : lutte contre les violences faites aux femmes, légalisation de l’avortement, promotion d’une plus grande autonomie des femmes.

L’opposée de Trump

Justice sociale, immigration, développement durable, droits des femmes… On aura compris que les valeurs et le courant politique de Claudia Sheinbaum sont aux antipodes des valeurs et de la politique incarnées par Donald Trump.

Face à un homme provocateur et souvent très agité, elle se distingue par son calme et son sang-froid. Elle fait preuve d’opposition ferme et démontre sa capacité de compromis.

Elle n’est pas non plus dénuée d’humour. Quand le président américain a décidé de renommer le golfe du Mexique golfe de l’Amérique, elle a suggéré de renommer les États-Unis « l’Amérique mexicaine », selon une carte du monde datant du 17e siècle.

Pour retarder l’entrée en vigueur des tarifs imposés sur les produits mexicains, elle a accepté de renforcer la frontière nord du Mexique pour mieux contrôler le trafic de drogues, en particulier le fentanyl.

Par contre, lorsque Trump a accusé le gouvernement mexicain d’avoir des liens avec le crime organisé, elle a riposté vigoureusement. Elle a également annoncé l’élargissement de la plainte que le Mexique a déposé il y a plusieurs années contre des trafiquants d’armes américains, les accusant d’alimenter la narco-violence sur son territoire.

Le Canada a tout intérêt à renforcer ses liens avec le Mexique. Nous n’avons pas fini d’entendre parler de Claudia Sheinbaum.

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