Vendredi dernier, la télévision communautaire Rogers a diffusé un débat des chefs en français dans le cadre de la campagne électorale au Nouveau-Brunswick. Les coûts de la traduction simultanée pour les chefs qui ne pouvaient débattre en français ont été défrayés conjointement par trois organismes acadiens : la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), l’Association des municipalités francophones du Nouveau-Brunswick (AFMNB) et le Conseil économique du Nouveau-Brunswick (CENB).
Pour en arriver là, les Acadiens, les Acadiennes et les francophones du Nouveau-Brunswick ont dû travailler d’arrache-pied. À l’origine, le débat des chefs devait être diffusé par Radio-Canada. Il semble que l’unilinguisme de certains des chefs ait donné du fil à retordre au diffuseur public qui, au bout du compte, n’a diffusé qu’un débat en anglais.
Il est tout à l’honneur de la société civile acadienne d’avoir trouvé une solution; c’est un bel exemple de leadership associatif. Reste qu’ils n’auraient pas dû avoir à le faire, et surtout, ils n’auraient pas dû avoir à défrayer les coûts de la traduction simultanée.
CBC/Radio-Canada estime peut-être avoir fait tout ce qu’il était en son pouvoir de faire pour trouver une formule de débat en français qui conviendrait aux chefs de partis. Le fait que Rogers ait réussi à en tenir un (heureusement!) montre qu’une solution demeurait possible. Il y a là, pour CBC/Radio-Canada, un sérieux post-mortem à faire.
Quand, dans la seule province bilingue au pays, CBC New Brunswick diffuse un débat en anglais tandis que le soin de s’occuper du débat en français revient à la télévision communautaire et aux organismes acadiens, quelle leçon faut-il en tirer? Quel message peut-on y lire?
Lance-t-on aux francophones le message que s’ils veulent un débat en français, ils devront en défrayer les coûts eux-mêmes?
Est-on en train de dire qu’à l’avenir, dès qu’un chef de parti sera unilingue anglophone, il sera impossible de tenir un débat en français à l’antenne de Radio-Canada?
Soyons clairs : ce ne sont pas les partis politiques qui ont fait les frais de cette situation. Ce n’est pas ICI Acadie. Ce n’est pas CBC. Et ce ne sont pas les citoyens et les citoyennes anglophones du Nouveau-Brunswick. Ce sont les Acadiens, les Acadiennes et les francophones de la province qui ont écopé. Ils sont tout à fait en droit de se sentir comme des citoyens et des citoyennes de seconde classe au terme de cette saga malheureuse.
Il faut faire mieux. La FCFA a envoyé aujourd’hui une lettre à la présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, en lui indiquant que le diffuseur public peut et doit revoir ses règles du jeu pour l’organisation de débats politiques. Oui, on comprend, offrir la traduction simultanée pour un chef unilingue n’est pas l’idéal. Mais cela vaut quand même mieux que de marginaliser un tiers de la population d’une province.
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