Antigone, ou comment adapter un classique dans un milieu contemporain
Affiche du film Antigone réalisé par Sophie Deraspe.
Crédit : Maison 4:3
On le voit avec le conflit entre Israël et la Palestine, on l’a vu l’année dernière après la mort de George Floyd aux États-Unis : les réseaux sociaux sont devenus l’outil le plus précieux pour le militantisme, transmettant de l’information ou bien des symboles de solidarité à travers des millions d’écrans. C’est cet aspect crucial de notre ère numérique qui est représenté dans Antigone (2019), une libre adaptation canadienne de la tragédie de Sophocle réalisée par Sophie Deraspe.
Récipiendaire du Prix du meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto en 2019 et au Canadian Screen Awards, Antigone (2019) est un incontournable pour les amateurs de cinéma qui se raviront du jeu merveilleux de Nahéma Ricci incarnant le rôle d’Antigone. En outre, le film est disponible sur l’application Crave.
Le film suit Antigone Hipponomé qui s’efforce de défendre son petit frère en justice à la suite d’une dispute avec un policier qui a injustement tué l’aîné de leur famille, Étéocle. Comme dans la pièce originale, les actes de l’histoire sont séparés par des chœurs qui représentent le groupe unifié du public vivant autour d’Antigone et de son procès.
Le premier chœur du film est le plus marquant avec du hip-hop joué par-dessus un montage de publications Instagram et Snapchat, toutes ayant un lien avec la vie d’Étéocle. La bulle sociale du défunt est représentée par leur deuil digital. Certains sont enragés, d’autres offrent leurs condoléances à la famille. Tout est public.
Au cours de l’histoire, ces montages reviennent plusieurs fois, se limitant de moins en moins à des messages sur internet, devenant plus activistes en encourageant des manifestations et des graffitis. Un motif de couleur rouge apparaît de plus en plus et la foule devient de plus en plus enragée.
Cette adaptation d’Antigone arrive à incorporer des aspects de notre époque moderne qui sont rarement utilisés efficacement au cinéma. Les réseaux sociaux sont en quelque sorte transformés en outil de narration et montrent les développements de l’opinion publique sur une situation aussi tragique que commune dans notre société contemporaine.
Une meilleure représentation cinématographique de l’âge « branché » dans lequel nous vivons est un pas dans une nouvelle direction et nous mènera, un jour, dans une nouvelle époque du cinéma. Sophie Deraspe a réussi à adapter un classique sans compromettre la réalité de notre société moderne.