Témoignage d'un ex-directeur de la Commission culturelle fransaskoise (1981-83)
Gilbert Troutet, directeur de la Commission culturelle fransaskoise de 1981 à 1983.
Photo: Coutoisie GIlbert Troutet
Mai 1981. La Commission culturelle fransaskoise vient de m’engager comme « directeur général ». À mon arrivée, Laurelle Favreau et Gisèle Lemire s’affairent depuis quelque temps déjà à préparer la Fête fransaskoise, prévue pour la fin juin à Saint-Laurent.
Le bureau provincial bourdonne comme une ruche d’abeilles au printemps. Tout me semble marcher rondement dans la maison. Chacun est à son poste. L’adjointe administrative répond au téléphone, s’occupe de la correspondance, convoque les réunions... Avec Laurelle et Gisèle, la préparation de la Fête fransaskoise va bon train, mais il manque 5 000 $ pour boucler le budget. Ma première mission : une demande de subvention de dernière minute à Sask Trust, qui sera acceptée quelques semaines plus tard.
Arrive une invitation du Festival de la chanson de Granby, qui tient des auditions dans chaque province afin de sélectionner des candidats pour l’automne. Comme le temps presse, je propose aux gens du festival d’assister plutôt au spectacle de la Fête fransaskoise, qui réunira sur scène plusieurs de nos jeunes artistes. Affaire conclue. Ce jour-là, je vais accueillir à l’aéroport de Saskatoon les deux représentants du Festival, dont Pierre Létourneau. Ils passent l’après-midi sur le site de la fête et sont ravis de leur soirée.
Affiche Fête fransaskoise 1983
Nous enverrons cette année-là toute une brochette d’artistes fransaskois à Granby. Trois se rendront en demi-finale : Julien Poulin, Suzanne et Solange Campagne. En finale, Suzanne terminera en deuxième place dans la catégorie « interprètes ». Radio-Canada en Saskatchewan s’empare de la nouvelle et en fait tout un événement. J’ai l’impression, pour ma part, de récolter ce que d’autres ont semé avant moi, par exemple à l’Association jeunesse fransaskoise (AJF), au Mat du Collège Mathieu, dans les centres culturels locaux...
Voyant que de jeunes artistes francophones de la province commencent à s’affirmer, Louis Julé, directeur du BMLO (Bureau de la minorité de langue officielle), propose de nous confier un projet d’animation culturelle dans les écoles. D’emblée, le bureau de direction accepte de se lancer dans l’aventure. C’est devenu le programme scolaire de spectacles et d’ateliers artistiques que nous connaissons aujourd’hui.
Toutefois, en 1981, la Commission culturelle fransaskoise cherche encore sa voie. L’assemblée générale souhaite que son mandat soit mieux défini. Une subvention du gouvernement du Québec nous permet d’embaucher un consultant et j’ai la chance de tomber sur Roland Dubue, qui va faire un travail remarquable. Ensemble, nous sillonnons la province pour dresser un inventaire des besoins et aspirations des communautés dans le domaine culturel. Cette consultation s’achève par un colloque à Saskatoon, au printemps 1982, qui va donner un élan nouveau à la Commission culturelle et à ses membres.
Parmi les grandes orientations qui se dégagent de l’exercice, je suis surpris qu’on nous demande, entre autres, de travailler à la mise sur pied d’un centre de ressources culturelles et pédagogiques. Mais pourquoi pas, puisque le besoin est si clairement exprimé ? Nous allons donc nous y mettre, dès l’été 1982, jusqu’à la création du « Lien » qui verra le jour quelques années plus tard à Gravelbourg.
L’année suivante, en 1983, Arthur Denis devient président du conseil d’administration. La Fête fransaskoise se déplace pour la première fois dans le sud de la province, à St-Victor. C’est le moment où je quitte la Commission culturelle pour entrer au Secrétariat d’État.
Durant ce court passage à la Commission culturelle de l’époque, j’ai l’impression d’avoir été surtout un « facilitateur », un trait d’union entre le passé et l’avenir, entre les artisans de la culture et les gouvernements... Si nous avons pu mener à bien ces initiatives, c’est grâce à l’engagement d’administrateurs qui m’ont entouré et soutenu, grâce à nos collaborateurs et à nos bailleurs de fonds, grâce aussi à la diligence de personnes comme Lisette Marchildon qui a travaillé à mes côtés avant de poursuivre sa carrière à Radio-Canada. Au cours de ces deux années, j’ai toujours senti autour de moi la confiance des Fransaskois, qui m’ont permis de faire avec eux ce bout de chemin.
Depuis, la Commission culturelle a pris beaucoup d’essor. Elle est devenue le Conseil culturel fransaskois (CCF). Je suis heureux d’avoir pu y contribuer à ce moment de son histoire, à ma mesure et à ma façon.
19952