Francophonie des Amériques :que faire avec nos cousins du Sud ?
Anonym
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Francophonie des Amériques :que faire avec nos cousins du Sud ?

Denis Desgagnés, le directeur général du Centre de la francophonie des Amériques,

Denis Desgagnés, le directeur général du Centre de la francophonie des Amériques,

Photo: CFA (2015)
Il y a 250 ans, on parlait français en Amérique, de Terre-Neuve à la Louisiane en passant par les grandes plaines. Puis sont arrivés déportations, orangistes et Ku Klux Klan.  De la suite, on parle peu.

Pendant des siècles, raconte le PDG du Centre de la francophonie des Amériques, Denis Desgagné, « les Franco-Américains se sont cachés et ils ont perdu l’habitude de se rencontrer. »  Mais ils sont là. Tandis que certains « se disent les derniers à parler français », d’autres ont « des services en français et la gestion de leurs écoles ». 

Quand on parle des francophones des États-Unis (11 millions), des Caraïbes et de l’Amérique du Sud (2 millions), souligne-t-il, « les gens s’aperçoivent qu’on a un problème de mémoire. Elle est incroyable cette histoire américaine. »

Le Centre a participé à la production du docudrame Un rêve américain (2014) qui donne voix aux descendants du million de Canadiens exilés en Nouvelle-Angleterre durant la révolution industrielle. « Les Québécois sont choqués de voir ça, explique Denis Desgagné. « Quand ils découvrent tous ces francophones et noms de villes, les mâchoires tombent. On doit fournir des sources. » 

Le Centre consacre 60 % du temps de ses 14 employés et de son budget de trois millions à sensibiliser la population québécoise. « Les dossiers augmentent, note le PDG, on a allumé le désir d’en savoir plus. »

Le professeur de science politique à l’Université de Moncton, Christophe Traisnel, met en perspective. « Le Québec et l'Acadie sont les seules communautés à avoir développé un intérêt pour la francophonie internationale.

« La francophonie canadienne a été accaparée par les grands enjeux linguistiques soutient-il. « Le bilinguisme officiel et la question du Québec ont demandé un tel investissement que la dimension ‘transnationale’ a peu à peu pris le bord. Quand on entend les leaders, cette dimension ‘universelle’ du français passe largement sous silence, au profit d'un discours très local sur la langue. Ça contribue à la dévalorisation du français au Canada. » 

Le mandat du Centre, fondé par Québec en 2008, est de promouvoir « une francophonie porteuse d’avenir pour la langue française dans le contexte de la diversité culturelle ». L’explication de Denis Desgagné : « On produit des liens culturels, éducatifs, économiques, en communications et recherche. C’est une diplomatie de terrain. »

Les Franco-Américains

  • 11 millions d’origine française
  • 1,5 M apprenants en français
  • 1,3 M parlant français à domicile
  • 2e langue dans quatre États
  • 3e langue d’apprentissage au pays
  • 10 000 enseignants de français

(Source : Observatoire de la langue française) 

Le Centre collabore au développement de circuits touristiques en Louisiane. Il assure une liaison québécoise avec un réseau d’économie sociale en Haïti. Il a contribué cette année aux célébrations du 400e anniversaire de la francophonie ontarienne à Québec.

Denis Desgagné insiste sur le potentiel du marché américain dans les arts. Le Centre participe à un projet pilote de tournées locales en Nouvelle-Angleterre. « On essaie de recréer le concept de la communauté. » 

Le sens d’une communauté internationale progresse aussi. Le Centre compte 20 000 membres individuels, précise-t-il, « des citoyens engagés qui veulent faire une différence pour faire rayonner la langue française ». La structure de gouvernance encourage la participation. « On a un conseil d’administration hybride : une partie est nommée par Québec et une autre élue par les membres. »

Une deuxième catégorie de membres relie des entreprises américaines offrant des services en français. Le Centre a élaboré avec eux des capacités d’affichage et de service à la clientèle. Entre-temps, une douzaine de French District virtuels ont émergé dans les grandes villes, alimentés par une revue rejoignant 200 000 abonnés. 

« Ce qui manque à la francophonie canadienne, conclut Christophe Trainsnel, c'est de prendre la mesure de son inscription dans une communauté bien plus vaste, qui passe par l'Europe, mais aussi par les autres continents. Le Centre fait un travail pionnier. »

La francophonie panaméricaine représente 7,6 % de la population mondiale de langue française, alors que l’Afrique en regroupe la majorité avec 54,7 %. C’est à Dakar, au Sénégal, qu’a eu lieu, les 29 et 30 novembre derniers,  le 15e Sommet de la francophonie internationale. Michaëlle Jean, l'ex gouverneure générale du Canada, y a été nommée secrétaire générale de la Francophonie.

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