Anonym

Le statut du français dans l’Ouest canadien: ce n'était qu'une promesse

La Cour suprême rejette les arguments des avocats de Caron-Boutet

Proclamation - Cause Caron - X
Dans un jugement anticipé depuis 12 ans, la Cour suprême a rejeté les arguments des demandeurs et déclaré que « la Constitution n’oblige pas l’Alberta à édicter et publier des lois et règlements en français et en anglais. »

« On est déboussolés par le jugement, a déclaré le président de l’Association canadienne-française de l’Alberta, Jean Johnson. Il est difficile d’accepter que, parce que nous vivons en Alberta, nos droits linguistiques ne sont pas reconnus.

« On se gratte la tête pour trouver du positif, dit-il. Mais déjà j’ai reçu un appel du ministre responsable de la francophonie, David Eggen, pour me dire qu’il était surpris de la décision, qu’il s’était préparé pour un autre résultat.

« Il a réitéré son intérêt à développer plus de services en français, signale le porte-parole, comme il l’avait affirmé lors de notre dernier congrès. Le jugement ne lui met pas de pression, mais on voit plein de possibilités. Nous allons maintenir des liens de confiance. »

Un des avocats des demandeurs, Mark Power, ne désespère pas de la possibilité pour la communauté franco-albertaine de produire dans l’avenir de nouveaux arguments en faveur du bilinguisme législatif.

L’existence d’une promesse 

« Selon la Cour, ça prend une source textuelle pour montrer que le bilinguisme est garanti. Qui sait ce qu’on peut encore trouver dans les documents, on connaît mal notre histoire. Déjà, les neuf juges acceptent que le français ait été une langue d’usage dans le territoire. Les conséquences juridiques de ça sont peut-être nulles, mais c’est un fondement pour justifier la place du français dans la province. »

Le plaideur relève que les motifs des juges dissidents évoquent plusieurs fois l’injustice de ne pas reconnaître « l’existence d’une promesse de bilinguisme législatif dans le Territoire du Nord-Ouest ». Selon lui, « c’est une façon puissante de s’exprimer qui devrait inspirer ».

Malgré la défaite, poursuit Mark Power, le gouvernement albertain pourra travailler avec les francophones. « La communauté est là et elle grandit. C’est en Alberta que la population francophone augmente le plus. On attire beaucoup de francophones du Québec et de l’Atlantique. L’avenir du bilinguisme au Canada passe surtout par l’Alberta. »

La cause albertaine remonte à 2003 alors que Gilles Caron et Pierre Boutet contestaient le régime législatif à la suite des contraventions unilingues. Après avoir gagné en première instance et perdu en appel, la cause a été entendue par la Cour suprême au début de 2015. Le ministère de la Justice avait alors proposé une interprétation restrictive.

Audience du 13 février

Comme le régime linguistique n’est pas précisé dans la loi de 1875 créant une administration territoriale pour le Nord-Ouest, le procureur général affirmait que l’intention était d’instaurer une norme distincte de celle du fédéral, du Québec et du Manitoba. Il plaidait ensuite pour la primauté du droit aux dépens des principes non écrits, comme le respect des droits des minorités. 

Les appelants ont rappelé que ces principes non écrits font partie de la jurisprudence et que, dans la question en litige, ces droits étaient bel et bien écrits. Ils résultaient d’intentions clairement énoncées et retenues lors de négociations entre le Gouvernement provisoire de la Rivière-Rouge, Ottawa et Londres.

Le mémoire de Pierre Boutet rappelait que la Proclamation royale de 1869 assurait aux populations du Nord-Ouest la protection de leurs droits civils. Il soulignait l’envoi par le fédéral d’émissaires à la Rivière-Rouge qui s’étaient adressés à mille personnes réunies pendant deux jours en janvier 1870. Cette assemblée élisait 40 délégués pour élaborer la liste des droits et négocier avec Ottawa.

Selon les demandeurs, la lettre et l’esprit de la lettre relatifs aux langues officielles dans le Nord-Ouest ont été reconnus en 1870 par les gouvernements impérial et canadien. Mais six des neuf juges de la Cour suprême ont rejeté l’argumentation.

En Saskatchewan et aux TNO également 

La décision donne aussi raison à la Saskatchewan, qui avait adopté un régime unilingue en 1988, au même moment que l’Alberta. La présidente de l’Assemblée communautaire fransaskoise, Françoise Sigur-Cloutier, déplore d’avoir été si près du but et de ne pas avoir réussi.

« Avec trois juges dissidents, on a perdu de justesse. Le travail de recherche qu’on a fait ne sera jamais perdu. Mais cette bataille ne va pas nous faire perdre notre identité.

« La bataille politique commence maintenant, soutient-elle. Dans nos deux provinces, on devrait être traités comme les autres minorités francophones. C’est une question d’équité. Le fédéral devrait réparer les torts qui ont été faits. »

Jugement du 20 novembre

« Les droits linguistiques ont toujours été conférés de manière expresse, et ce dès le début de l’histoire constitutionnelle du Canada. La thèse de Caron et de Boutet ne respecte pas le texte, le contexte, ni l’objet des documents qu’ils invoquent et doit donc être rejetée. En l’absence d’une garantie constitutionnelle consacrée, les provinces ont le pouvoir de choisir la langue ou les langues qu’elles utiliseront pour légiférer.

« Manifestement, une province peut choisir d’édicter ses lois et règlements en français et en anglais. Toutefois, on ne peut tout simplement pas inférer qu’une garantie de bilinguisme législatif existe et l’emporte sur cette compétence provinciale exclusive sans éléments de preuve textuels et contextuels clairs.

« La Cour doit donner une interprétation généreuse aux droits linguistiques constitutionnels ; elle ne doit pas en créer de nouveaux. Elle doit examiner le sens ordinaire des mots employés, le contexte historique ainsi que la philosophie ou les objectifs qui sont à la base des termes et des garanties. »



Imprimer
38952 Noter cet article:
Pas de note

Actualité juridique (L'Eau vive)

La Cour suprême : un survol La Cour suprême : un survol

La Cour suprême : un survol

À l'occasion du 150e anniveraire de la Cour suprême, nous vous invitons à découvrir cette institution qui a façonné la société canadienne.

RSS
1345678910Dernière

Nouvelles de l'AJEFS

Journée jeux d’eau à Zenon Park : Rires et éclaboussures au rendez-vous

Agenda fransaskois 206 Note de l'article: Pas de note

L'Association Fransaskoise de Zenon Park vous invite à un après-midi rafraîchissant et gratuit pour les enfants de 5 à 12 ans.

Quand : Jeudi 14 aout 2025 de 13h à 15h

: Au Parc Bleu derrière la salle

Contact et réservation : 306-767-2203 / service@afzp.ca

Journée d'orientation scolaire pour les nouveaux arrivants – Moose Jaw

Agenda fransaskois 7 Note de l'article: Pas de note

Obtenez des conseils essentiels pour accompagner vos enfants vers la réussite scolaire. 

Quand : Vendredi 22 aout 2025 de 09h à 13h en présentiel et en ligne de 18h à 19h30

: 450, 3e Avenue NW, Moose Jaw (SK) S6H 1K4

Contact : Melaine Ndjatou m.ndjatou@saif-sk.ca | 306-992-5451

Journée d'orientation scolaire pour les nouveaux arrivants - Regina

Agenda fransaskois 8 Note de l'article: Pas de note

Obtenez des conseils essentiels pour accompagner vos enfants vers la réussite scolaire. 

Quand : Samedi 23 août 2025, 9h à 13h en présentiel et vendredi 22 aout 2025 de 18h à 19h30 en ligne

: La Cité universitaire, 3727 Sagittaire Ln, Regina (SK) S4S 0A2

Contact : Ange Liesse Nikuze a.nikuze@saif-sk.ca | 306-535-6308

Journée d'orientation scolaire pour les nouveaux arrivants - Prince Albert

Agenda fransaskois 3 Note de l'article: Pas de note

Obtenez des conseils essentiels pour accompagner vos enfants vers la réussite scolaire. 

Quand : Samedi 23 aout 2025 de 09h à 13h en présentiel et vendredi 22 aout 2025 en ligne de 18h à 19h30

: Bureau du SAIF-SK, 29, 11e Rue Est, Prince Albert (SK) S6V 0Z8

Contact : Verno Katshite Nyembo v.nyembo@saif-sk.ca | 306-992-5428

Journée d'orientation scolaire pour les nouveaux arrivants - Saskatoon

Agenda fransaskois 0 Note de l'article: Pas de note

Obtenez des conseils essentiels pour accompagner vos enfants vers la réussite scolaire. 

Quand : Samedi 23 aout 2025 de 09h à 13h30 en présentiel et vendredi 22 aout 2025 en ligne de 18h à 19h30

: École secondaire Gustave Dubois, 2320 Louise Ave, Saskatoon, SK S7J 2E5

Contact : Salma Lakhdar s.lakhdar@saif-sk.ca | 306-361-6308

Retraite de ressourcement Entr'Elles

Agenda fransaskois 16 Note de l'article: Pas de note

Participez à cette retraite unique pour femmes francophones et francophiles de la Saskatchewan en partenariat avec le Conseil Culturel Fransaskois, incluant hébergement, repas et covoiturage. 

Quand : Du 26 au 28 septembre 2025 à partir de 14h

: Shekinah Retreat Centre, Saskatchewan.

Information : Pour 200$, cela inclut 2 nuitées à la loge, repas (par traiteur) et remboursement de covoiturage

RSS


Centre Info-Justice

L'AJEFS sur Facebook