Troubles du langage : des outils inadaptés pour les enfants francophones bilingues

Troubles du langage : des outils inadaptés pour les enfants francophones bilingues

Détecter les troubles du langage chez les enfants bilingues, notamment les francophones en contexte minoritaire, reste un défi. Faute de ressources et d’évaluations adaptées, certains pourraient être mal diagnostiqués, alertent des chercheuses.

Lors d’un panel tenu le 25 juin à Ottawa, dans le cadre du colloque «Pouvoir des langues, langues du pouvoir», trois professeures de l’Université Laurentienne ont dressé le même constat : les normes permettant d’évaluer le développement du langage chez des enfants francophones en situation minoritaire sont inadaptées, voire inexistantes.

«À l’heure actuelle, il n’y a pas de dépistage qui permet de prédire si les enfants en âge préscolaire vont avoir des troubles de développement du langage (au scolaire)», affirme la professeure agrégée à l’École d’orthophonie de la faculté d’éducation et de santé de l’Université Laurentienne, à Sudbury, en Ontario, Roxanne Bélanger.

C’est pourquoi elle a cherché à multiplier les outils dans le cadre de ses recherches, en auditionnant des enfants bilingues : dix dont le français était la langue dominante et 36 dont c’était l’anglais.

Les gestes comme «outils de dépistage»

Selon Roxanne Bélanger, l’emploi des gestes chez les enfants d’âge préscolaire, de 1 à 5 ans, reste un «indicateur du développement langagier et cognitif».

«[Les gestes] sont accessibles, ils sont culturellement robustes et indépendants du vocabulaire. [Ils] demeurent donc un outil de dépistage et d’intervention dans les communautés où les enfants sont surtout exposés à une langue minoritaire. Les gestes permettent de surveiller le développement du langage sans [avoir] recours au vocabulaire dans la langue majoritaire.»

Agir sur le développement des gestes à l’âge préscolaire en amont permettrait d’éviter «une cascade de difficultés», remarque-t-elle.

Cette situation concerne les enfants issus d’un foyer où ils sont exposés à une ou à plusieurs langues minoritaires, de manière plus ou moins constante, «ce qui peut influencer la vitesse puis la nature du développement langagier», souligne-t-elle.

Les premiers résultats de ses recherches ont permis à la professeure de confirmer que, lorsqu’un dépistage est effectué à 36 mois, il est possible de prédire et de corriger l’apparition d’éventuels troubles à 70 mois.

Le «casse-tête» de l’évaluation

D’après elle, il manque «une stratégie d’identification précoce sur l’emploi de gestes qui tienne compte de la complexité du développement de l’enfant, surtout au sein des communautés linguistiques minoritaires».

«Il y a peut-être des concepts qui ne sont pas universellement pertinents ou transposables», ajoute la professeure.

Selon elle, l’emploi de gestes pourrait dépendre de la langue, avec à la clé des différences culturelles. Mais faute de recherche pour les langues minoritaires, c’est encore un «casse-tête» d’évaluer des enfants qui changent de langue en fonction du contexte majoritaire.

«Puis, en français, on n’a pas le choix, [on doit utiliser] des outils qui sont traduits», déplore-t-elle, soulignant l’incertitude quant à leur fiabilité.

Parfois, les orthophonistes s’appuient sur des outils conçus en France ou au Québec, ce qui ne reflète pas non plus la réalité des communautés de langue officielle minoritaire, souligne-t-elle.

«Attentes culturelles différentes»

L’autre défi reste selon Roxanne Bélanger est qu’«il y a souvent une quantité inégale d’exposition aux différentes langues, ce qui peut influencer la communication gestuelle et orale».

Pour la professeure, la langue majoritaire «domine» l’environnement direct des médias : à l’école, lors des activités extrascolaires ou communautaires.

«Ça influence vraiment la motivation de l’enfant et la capacité à apprendre la langue minoritaire. Et les quelques recherches qui ont eu lieu auprès des langues minoritaires ont montré qu’il peut y avoir des attentes culturelles différentes face au développement du langage», pointe encore Roxanne Bélanger.

Sa collègue, Michèle Minor-Corriveau, également professeure agrégée à l’École d’orthophonie de l’Université Laurentienne, relève que les enfants bilingues ont longtemps été évalués dans leur langue dominante.

«Quand on a commencé en tant qu’orthophoniste, on avait des gens qui résistaient au fait qu’on devait évaluer l’élève en français en milieu minoritaire», témoigne-t-elle.

Or, les normes actuellement en place restent inadaptées, insiste-t-elle, puisque 80 % des élèves ne répondent pas aux critères exigés.

Autre souci : le fait de penser qu’un enfant a un trouble du langage, alors que ce n’est pas le cas. «On va parfois soit suridentifier un trouble quand en fait [les enfants] sont tout simplement en voie d’acquisition de la langue seconde. Donc c’est sûr que lorsqu’ils sont en train d’apprendre une langue seconde, ils n’auront pas des scores comparables à un enfant monolingue», soulève Chantal Mayer-Crittenden, professeure dans la même faculté que les deux autres chercheuses.

En entrevue avec Francopresse, Julie Boissonneault, coorganisatrice et cofondatrice du colloque international Langue et Territoire, explique la raison d’être de l’évènement : «Il a été créé d’abord et avant tout par intérêt [pour les langues]».

Il vise aussi à offrir un espace d’échange entre des disciplines qui s’intéressent à des enjeux similaires, poursuit-elle.

Julie Boissonneault confirme qu’il s’agissait de la dernière édition du colloque, principalement en raison du décès en 2023 d’un des cofondateurs, Ali Reguigui, professeur de linguistique à l’Université Laurentienne.

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