Environnement: Une médaille de la honte pour la Saskatchewan

Environnement: Une médaille de la honte pour la Saskatchewan

Voilà une médaille dont la Saskatchewan se serait bien passée : celle de la plus grande émettrice de gaz à effet de serre par habitant du Canada… Et à peu de chose près, de la terre.

L’empreinte carbone, c’est la quantité d’émissions de gaz carbonique induite par notre mode de vie. Par exemple, lorsque vous faites un aller-retour Saskatoon-Paris en avion, votre bilan carbone est  en moyenne de 1,93 tonne de CO2 émis.  

De nombreuses applications permettant de calculer son bilan carbone ont vu le jour. Hormis un côté quelquefois moralisateur qui vise encore et toujours le consommateur, ces outils ont le mérite de sensibiliser et de nous faire prendre conscience concrètement des répercussions de certaines de nos activités.

Le site Carbon Brief propose un outil interactif qui permet d’estimer combien chaque citoyen pourrait émettre de CO2 tout au long de sa vie, en fonction de sa date de naissance et de son pays, afin de limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, une exigence si l’on veut respecter l’accord de Paris sur le climat, signé en 2016 par 195 pays, dont le Canada.

Injustice intergénérationnelle

Prenons un jeune Canadien né en 2017 que nous appellerons Justin (au hasard). Son budget carbone est estimé à 170 tonnes de CO2 à vie. En prenant l’espérance de vie moyenne au Canada de 82 ans, le jeune Justin pourra donc consommer 2,07 tonnes de CO2 par an. La tour Eiffel, Justin ne la verra qu’en photo.

Bien lourd est le fardeau de cette époque préindustrielle, et espérons que Justin  ne fouille pas trop dans les archives, car il pourrait découvrir que ses grands-parents, des baby-boomers, avaient un budget carbone plus de 7 fois supérieur au sien. Un budget quasiment épuisé par des décennies d’utilisation d’énergies fossiles très polluantes.

Alors, en Saskatchewan ?

Une fois ces données en tête, les chiffres qui vont suivre donnent une tout autre ampleur du désastre. Le site gouvernemental Régie de l’énergie du Canada nous apprend que les émissions par habitant de la Saskatchewan sont les plus élevées au Canada avec 67,7 tonnes de CO2, soit 246 % de la moyenne nationale.

Bien difficile de trouver un pays ou une province qui fait pire que nous ! Le Qatar et le Koweït, pays émettant le plus de CO2 par habitant, passeraient presque pour des premiers de la classe. Avec nous sur le podium de la honte se trouve un visage bien familier : l’Alberta.

Les deux provinces de l’Ouest canadien constituent à la fois la ferme, la station-service et la mine du Canada. L’économie de la Saskatchewan repose sur une agriculture particulièrement énergivore. L’industrie minière, l’un des piliers de l’économie provinciale, est une catastrophe dans l’émission des gaz à effet de serre, contribuant grandement aux 77,9 mégatonnes relâchées en 2017 par la province.

Ajoutons à cela les 16 millions de tonnes d’équivalent CO2 émises par la production d’électricité, ce qui représente environ un cinquième des émissions totales de la province. Plus de 70 % de l’électricité de la Saskatchewan provient de combustibles fossiles, dont deux tiers de charbon. Enfin, la faible démographie de la province (1,1 million d’habitants en 2019) vient accentuer ce ratio négatif par habitant.

Peut mieux faire.

Néanmoins, c’est le pays tout entier qui doit se remettre en question. Le Canada est à l’heure actuelle le plus gros pollueur des pays du G20 et ses efforts  pour devenir un champion mondial de la lutte contre les changements climatiques sont peu perceptibles, sinon inexistants.

Depuis les accords de Paris, rien ne semble aller dans le sens d’une transition verte. Le CETA a été signé, un accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, ce qui n’annonce pas vraiment une consommation plus locale. Les Canadiens conduisent encore et toujours les voitures les plus polluantes sur terre et consomment énormément d’énergie (7e pays au monde).

Les longues distances à parcourir pour voyager, la saison hivernale, ainsi qu’une économie en partie basée sur des industries à haute consommation énergétique influencent la consommation. Depuis 1990, le Canada enregistre la 2e plus grande augmentation d’émission de gaz à effet de serre du monde, derrière l’Australie. À ce rythme-là, ce n’est pas une poignée que nous allons laisser à Justin, mais des miettes.

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