Frédéric Frédéric Dupré
/ Catégories: 2018, L'Apostrophe

Juger empêche de réfléchir

Porter un jugement sur une situation ou une personne est un geste facile qui mène souvent à des erreurs monumentales et qui alimente la haine et la bêtise. Prendre le temps de réfléchir pour chercher à comprendre la complexité des gens et des situations est, par contre, un geste d’une grande humilité et un signe d’intelligence qui permet de bâtir des relations humaines sur des fondements honnêtes et authentiques.

Prenons par exemple le procès de Gerald Stanley, accusé du meurtre du jeune Colten Bushie. Le procès, qui s’est déroulé pendant quelques semaines à North Battleford, présentait une série de faits devant permettre au jury de rendre un verdict. Toutefois, à lire les interventions sur les réseaux sociaux, un jugement a été porté bien avant que le verdict ne soit rendu. Pour certains, M. Stanley est un raciste et Colten Bushie est la victime de ce racisme qui hante les campagnes de la province. Pour d’autres, M. Stanley est victime de la violence régulière que subissent les fermiers de la part de jeunes autochtones pauvres, alcooliques et violents.

On peut questionner le verdict qui a été rendu, mais ce qu’il faut retenir, c’est que les jugements faciles n’apportent rien à la compréhension de cet événement sordide. Dans un cas comme dans l’autre, un jugement radical est posé qui ne permet plus aucune ouverture d’esprit ou analyse des subtilités derrière cette histoire malheureuse.

De manière générale, les opinions étroites et les jugements faciles foisonnent sur les médias sociaux et dans les coulisses de la société. Pourtant, la réalité n’est jamais aussi simple qu’un jugement affirmé haut et fort (aussi élaboré soit-il) peut le supposer. En fait, lorsqu’un jugement est émis, on ne se permet plus de comprendre quoi que ce soit. Porter jugement c’est, en fait, se refuser de réfléchir, de chercher à comprendre et ou même de faire preuve de compassion envers les personnes. Porter jugement, c’est mettre un frein à toute critique constructive. L’expérience le démontre, les personnes foncièrement méchantes, qui cherchent à blesser pour le simple plaisir de le faire, sont de rares exceptions.

Comment est-il alors possible d’envisager de se comprendre lorsque l’une des deux parties attache à l’autre des qualificatifs remplis de haine ? Tout dialogue ou réconciliation devient impossible. Il y a certainement de la méfiance, de la peur même, de l’ignorance, de l’incompréhension aussi, qui vont entraîner d’autres jugements tout aussi faux ou malhonnêtes. Seule la réflexion, grâce au dialogue honnête, peut permettre de s’élever au-dessus de l’ignorance et éventuellement d’apprécier les différences de point de vue.

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