Peut-on espérer un rapprochement entre Métis et Fransaskois ?
Michel Dubé

Peut-on espérer un rapprochement entre Métis et Fransaskois ?

À la suite de l’annexion de la Terre de Rupert au Canada en 1869, la colonisation de l’Ouest connaît un essor irréversible avec l’arrivée non pas d’autres voyageurs, mais surtout de nombreux immigrants, dont des francophones du Québec, de l’Europe et des États-Unis.

Les divergences politiques, souvent racialisées, entre l’Église, les colons francophones et les Métis, exacerbées autour de la Résistance métisse de 1885 à Batoche, n’ont fait qu’accentuer la rupture qui se manifestait déjà depuis de nombreuses années entre deux minorités d’origine francophone.

Pourtant, dans la plupart des cas, les Métis et colons francophones occupaient essentiellement les mêmes régions et fréquentaient les mêmes institutions.

À ma connaissance, peu d’efforts organisés et soutenus ont été entrepris depuis la colonisation de la Saskatchewan pour encourager un véritable dialogue et rapprochement entre Métis et Fransaskois.

La majorité des historiens de l’Ouest ignoraient carrément ou abordaient à peine les relations franco-métisses, ce qui avait comme effet la prolongation de cette rupture.

Des tables rondes itinérantes

Au début des années 2000, de hauts dirigeants de l’Institut linguistique de l’Université de Regina (aujourd’hui Cité universitaire francophone) et de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) ont préparé un premier colloque franco-métis.

Ce colloque a été suivi de trois tables rondes itinérantes des relations franco-métisses de l’Ouest canadien : en 2007 à Batoche, en 2008 à Willow Bunch et en 2009 à North Battleford.

Selon les auteurs d’un rapport sur ces rondes, Dominique Sarny et Peter Dorrington, la démarche visait « par un dialogue authentique à mieux se connaître et se comprendre dans le respect et l’appréciation tant des différences de chaque communauté et des individus que de ce qu’ils partagent en commun ».

Quelles étaient (sont) ces différences et les points en commun entre les deux communautés ?

Sans m’étaler trop longuement, je peux dire que les convergences sont évidentes : les origines familiales, les langues, les danses, la musique.

Les divergences, elles, varient, mais peuvent se retrouver majoritairement sous les thèmes de la politique, du racisme et des droits.

Les concepteurs de ces tables franco-métisses, tous fransaskois, se rendaient compte que leur communauté était isolée et repliée sur elle-même depuis trop longtemps, incapable en quelque sorte de se renouveler.

Il était et serait encore normal à leurs yeux de renouer contact avec l’autre communauté, également repliée sur elle-même et isolée, avec laquelle il existait et existe toujours des points communs.

Succès ou coup d’épée dans l’eau ?

Plus de 700 personnes, Métis et Fransaskois confondus, ont participé à ces tables rondes ! Ayant moi-même participé à deux d’entre elles, je peux affirmer que la méthodologie utilisée a permis l’expression sincère et profonde des blessures, des regrets de longue date et des espoirs d’amélioration.

Il y a eu beaucoup d’émotions, bien sûr, et beaucoup de plaisir autour du partage de repas, de musique et de danse !

Quinze ans plus tard, qu’en est-il des relations entre Fransaskois et Métis ? Y a-t-il eu des suites à ces tables rondes itinérantes franco-métisses ?

Affaire à suivre.

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