Réjean Paulin
/ Catégories: Réjean Paulin

Le vent qui souffle sur la francophonie

« La douce brise de la mer nous caresse le visage… ». Ce cliché évoque une plage quelque part au bord d’un océan, avec des airs de Georges Brassens et de Léo Ferré en tête, de quoi rappeler des vacances sur une côte française. Pourtant, j’en étais fort loin, enfoncé dans un coin de pays austère, où se marient à grand-peine épinettes squelettiques et terre de roche, là où la forêt boréale cède ses droits à la toundra.

Ce vent de fraicheur, c’était celui du Grand lac des Esclaves, immense, parfois avec des crêtes blanches qui chantent en chœur, une eau vivante qui fait danser la lumière des astres, soleil et lune confondus, que l’on contemple accompagné de la poésie de Brassens et Ferré entendue la veille au JavaRoma, un agréable café au centre-ville de Yellowknife.

La langue française a voyagé. Elle s’est rendue jusqu’ici, sur cette terre au climat hostile habitée depuis des millénaires par les Amérindiens, peuplée depuis peu par des chercheurs d’or et de diamant. On comptait 1000 habitants à Yellowknife en 1940, il y en a 20 000 aujourd’hui. Certains ont apporté le français ici et l’ont conservé. C’est plaisant de l’entendre. C’est tout aussi plaisant de voir cette vidéo lancée sur Facebook par le Secrétariat du Québec aux relations canadiennes; à preuve ce passage au sujet du français : « Il participe à notre identité québécoise et canadienne. De Whitehorse à St. John’s, en passant par Edmonton, Saint-Boniface, Sudbury, Wendake et Trois Rivières, Shawinigan et Val-d’Or, Tadoussac et Caraquet, nous sommes près de 10 millions à parler chez nous en français. Ensemble, faisons résonner le français d’un bout à l’autre de nos provinces et territoires et du pays. »

Ce fut encore agréable de voir, toujours sur Facebook, la vidéo que Jean-Marc Fournier, ministre québécois responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, a diffusée. Il était de passage en Acadie récemment. « Le français est bien vivant dans les autres provinces du Canada et on peut aider à ce que ce soit encore plus vrai pour l’avenir », a-t-il dit pendant son séjour. Hélas, on a souvent entendu parler de la francophonie canadienne en évoquant des communautés qui déclinent. On a qu’à se rappeler ces tristes métaphores du discours nationaliste québécois pour s’en convaincre. On y a assimilé les Acadiens au « dernier homard de l’Atlantique », les francophones minoritaires à des « cadavres encore chauds » ou encore à des « Dead Ducks ».

Le Québec actuel convie tous les francophones à participer à cette œuvre commune, celle de faire grandir notre langue ensemble en lui donnant le plus grand territoire possible. Il invite l’auteure jeunesse, Marie Cadieux, à une résidence d’un mois à Québec à titre de récipiendaire du Prix Champlain remis à un auteur francophone de l’extérieur du Québec. En d’autres mots, l’œuvre francophone au sens large est pancanadienne. Par les temps qui courent, les vents semblent souffler du bon bord comme on dit chez les marins. À cette attitude invitante du Québec, s’ajoute le dernier Plan d’action fédéral sur les langues officielles. Ottawa va y injecter 500 millions $ en argent neuf d’ici cinq ans.

On peut se remonter le moral, mais il y a toujours des choses qui irritent. Les Territoires du Nord-Ouest réduisent le budget des écoles francophones. Or, la Commission scolaire francophone des TNO doit faire des pieds et des mains pour limiter les dégâts. En Nouvelle-Écosse, les Acadiens craignent que la nouvelle carte électorale affaiblisse leur représentation à l’Assemblée législative. La province agit comme si elle n’en avait jamais entendu parler. Décidément, il y a toujours quelqu’un qui a du mal à y croire. Un autre cliché… « Le cinglant vent du large nous gifle le visage ». Ouais…

Imprimer
19775 Noter cet article:
Pas de note

Actualité juridique (L'Eau vive)

Les jeunes s’emparent du Parlement Les jeunes s’emparent du Parlement

Les jeunes s’emparent du Parlement

REGINA - Le Parlement franco-canadien du Nord et de l'Ouest (PFCNO) se déroule chaque année et rassemble les jeunes francophones des provinces du Nord et de l'Ouest du Canada. Cet évènement national donne la chance aux jeunes qui ont entre 16 et 25 ans de donner leur propre avis à propos des politiques adoptées par le Parlement officiel et, bien sûr, de se faire plein d’amis.

La cause Caron-Boutet déboutée La cause Caron-Boutet déboutée

La cause Caron-Boutet déboutée

La décision de la Cour d’appel de l’Alberta fait des mécontents en Saskatchewan

 « Est-ce que la province de l’Alberta est tenue par la Constitution de publier toutes ses lois en anglais et en français? » « Non », a répondu la Cour d’appel de l’Alberta. 

RSS
Première67891011121315

Nouvelles de l'AJEFS


Centre Info-Justice

L'AJEFS sur Facebook