Dominique Liboiron

Une aventure agricole au temps des moissons

Collines Sweet Grass
Crédits : Dominique Liboiron

Grimpez à bord de mon camion à grain et rejoignez-moi pour une aventure agricole ! Il y a deux semaines, j’ai répondu à une annonce dans le journal et, depuis, je participe aux moissons dans une ferme du sud de l’Alberta. Accompagnez-moi dans ma (re)découverte de l’agriculture des Prairies !

Comme bien des Fransaskois, l’agriculture joue un rôle important dans mon héritage. Si vous avez un certain âge et que vous êtes né en Saskatchewan, il y a de fortes chances que vous ayez été élevé à la ferme. Sans doute, ce temps-ci de l’année évoque chez vous de profonds souvenirs des battages. 

La plupart de mes souvenirs des moissons datent de mon adolescence. Je pense aux fermes de mes oncles à Ponteix et à Gravelbourg, des repas dans les champs, de l’entraide et du temps passé à parler avec mes cousins dans des camions à grain. 

À la fin août, ces souvenirs me reviennent souvent. Je compare le temps des moissons tel qu’il était une vingtaine d’années auparavant à aujourd’hui et je ressens des émotions mitigées. Tantôt, je me sens dépaysé par les changements, tantôt je me réconforte par le caractère immuable de certaines choses. 

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Depuis deux semaines, je conduis un camion à grain dans l’extrême sud de l’Alberta. Pendant les battages, la roue d’une moissonneuse sert de chaise si un retard est causé par la pluie.
Crédits : Dominique Liboiron

Prenons par exemple la machinerie. Durant mon adolescence, beaucoup de camions à grain étaient rustiques, âgés d'une trentaine d’années, sinon plus. Ils ont depuis été remplacés par de nouveaux camions-remorques, chose rare dans les années 1990, qui sont plus difficiles à conduire, mais beaucoup plus puissants et capables de transporter des quantités de grain impensables par le passé. 

Certains éléments des battages n’ont pas changé. La pluie cause toujours des retards et la machinerie casse encore à certains moments, engendrant les mêmes colères chez les agriculteurs. Les repas sont toujours servis dans les champs et, comme pour la plupart des travaux physiques, l’humour joue un rôle important. 

Lors de ma première semaine à la ferme, mon patron Jason a décidé de jouer un tour à un de ses employés. Il avait trouvé un serpent mort sur le chemin. Il m’a demandé de l’aide pour l’attacher avec un peu de broche à foin autour de la poignée de porte à l’intérieur du camion. Une mauvaise surprise attendait celui qui allait ouvrir la porte, lui donnant l’impression que le reptile lui sautait dessus. 

Faisant comme si de rien n’était, Jason a demandé à Jacob, un jeune Huttérite employé pour les récoltes, de prendre un outil du camion. Jacob a ouvert la porte et a hurlé comme un petit chiot. Tous les autres employés, moi y compris, se sont mis à rire. 

Ébranlé par le mauvais coup, Jacob nous a dit, tout sérieusement : « J’vais pas dormir pendant un mois », et son commentaire n’a fait qu’ajouter à notre plaisir. L’humour fait toujours bel et bien partie du monde agricole.

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