C’est après la découverte du célèbre Jean-Michel Basquiat que la passion pour la peinture a pris un second souffle chez l’artiste multidisciplinaire Byrun Boutin-Maloney. Une inspiration qui l’a mené à la conception d’une nouvelle série de peintures intitulée Crude Subconscious Channeling. Et si l’art n’avait plus besoin d’être beau, que deviendrait-il ? Le Fransaskois se confie.
En quoi Basquiat constitue-t-il une influence pour vous ?
Jean-Michel Basquiat a été actif à New York pendant les années 1980. Quand je l’ai découvert, ça m’a vraiment incité à changer mon attitude envers l’art.
Basquiat était influencé par l’art brut. Pendant des centaines d'années, l'art avait besoin d’être beau, mais Basquiat a questionné cela en posant la question : « Si l'art n’a pas besoin d'être beau, que peut-il faire d’autre ? Que peut-il exprimer ? »
Cette réflexion m'a beaucoup inspiré pour ma nouvelle série. Je trouve maintenant beaucoup plus de profondeur dans l'art. J'essaie de laisser l'art venir, de laisser le subconscient générer l'art et les symboles, puisque ce subconscient est plus intelligent que ma conscience.
C’est une approche facile à adopter ?
Byrun Boutin-Maloney expose sa nouvelle série de peintures à l’Artesian de Regina.
PHOTOS – Crédit : Leanne Tremblay
J'essaie d’avoir une bonne attitude et de ne pas trop penser à ce que les gens vont penser. J'essaie aussi d'avoir une idée déclenchante, comme une histoire. Une fois que j’ai cette idée en tête, c’est let it flow.
Il faut avoir confiance et ne pas essayer de contrôler le processus ni avoir peur de l’insécurité. Il faut avoir confiance dans le processus, étape par étape.
De quelle manière cela se traduit-il concrètement dans vos peintures ?
Avant, quand je peignais, je faisais des blocs de couleur. Maintenant, les couleurs se mélangent beaucoup plus.
Je continue également à utiliser des pastels à l’huile, mais j’utilise aussi des marqueurs acryliques pour ajouter une autre couche de couleur.
Quel genre « d’idée déclenchante » vous a inspiré ?
Le mythe égyptien d’Osiris a inspiré une des nouvelles peintures. C’est un gars qui se fait couper en mille morceaux, puis sa femme recolle les morceaux. C’est une bonne métaphore de quand la vie devient difficile, qu’on se perd un peu, puis qu’il faut se recréer. Ça fonctionne pour moi parce que je suis en recovery des addictions.
Avez-vous une œuvre préférée parmi la série Crude Subconscious Channeling ?
C'est un peu comme quand vous avez des enfants, tu n'es pas supposé avoir un préféré !
Elles ont toutes leur propre identité, une histoire, et elles sont assez matures pour exister dans le monde indépendamment de moi. Je peux les présenter sans avoir besoin de m’exprimer ou de les expliquer.
J’espère que les gens se laisseront aller en explorant les tableaux. C’est une forme de communication à la fois brute et sophistiquée. Après tout, est-il possible que ce qui réside au cœur de moi existe aussi au cœur de toi ?
La série Crude Subconscious Channeling a été dévoilée lors du Cathedral Arts Festival, au cours de la soirée francophone du 22 mai organisée à l’Artesian de Regina par la maison de disque francophone Homestead Records.