William Burton : une jeune énergie à Prince Albert

William Burton : une jeune énergie à Prince Albert

William Burton, tout nouveau directeur de la Société canadienne-française de Prince Albert (SCFPA), a posé ses valises le 1er avril dans la communauté du nord de la Saskatchewan. Débordant d’énergie, le jeune homme de 27 ans possède un parcours impressionnant dans l’animation culturelle, la production de contenu et la diffusion d’artistes francophones. Nouveau venu dans la province, ce Franco-Ontarien est prêt à laisser son empreinte dans la région.

Comment pourriez-vous vous présenter à ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Je suis de première génération franco-ontarienne. Mes parents québécois se sont installés dans un village anglophone à l’ouest d’Ottawa. Ma sœur aînée et moi avons grandi à la campagne, entourés de vaches et de forêts, dans un milieu où le français n’existait qu’à la maison.

À l’école d’immersion, j’ai vite compris que je n’aurais ni l’accent de mes cousins québécois ni celui de mes amis locaux. Au secondaire, j’ai fréquenté l’école francophone la plus proche de chez moi, à 90 minutes d’autobus.

On me taquinait parce que je parlais bien français. J’ai expérimenté l’insécurité linguistique.

À quel moment avez-vous eu un déclic par rapport au français ?

Un jour, en 2015, le musicien Stef Paquette est venu à l’école. Notre enseignante a remarqué mon enthousiasme et m'a suggéré d'aller le voir lors d'une soirée communautaire.

C’était une révélation : je pouvais parler français ailleurs qu’à l’école ou à la maison ! J’ai réalisé qu’il manquait de l’information sur les activités francophones pour les jeunes. J’ai alors créé une page Facebook nommée Le Réveil pour promouvoir les artistes franco-canadiens.

Au début, j’organisais des entrevues avec les artistes qui venaient à l’école. Ensuite, j’ai commencé à promouvoir des festivals et à m’impliquer bénévolement dans la production artistique.

Entre mes 15 et 18 ans, j’ai accumulé plus de 2 500 heures de bénévolat et produit plus de 300 vidéos d’entrevues dans les arts.

Ce projet est même devenu une maison de production à part entière.

Oui, avec les années, nous avons géré des artistes et influenceurs, organisé des tournées nationales et produit des milliers de vidéos vues par des millions de francophones en ligne partout dans le monde.

Le Palmarès Francopresse m’a même placé parmi les 10 personnalités les plus influentes de la francophonie canadienne en 2019.

Comment en êtes-vous arrivé à la direction de la SCFPA ?

Je suis déjà venu plusieurs fois en Saskatchewan, notamment pour animer des spectacles et des formations.

Je me rappellerai toujours ma première invitation à mener plus de 500 Fransaskois dans les rues de Prince Albert pour leur Tintamarre. Je connaissais bien cette célébration acadienne qui fusionne manifestation et parade de fierté. J’ai rapidement appris que la communauté d'ici l’avait reprise à sa manière.

Plus récemment, on m’a proposé de fonder un nouveau studio en l’honneur de Gaetan Benoit, une personnalité très engagée dans la communauté fransaskoise.

Je suis profondément attaché au projet et à la responsabilité d'assurer la continuité de l'œuvre de Gaetan chez les jeunes Fransaskois. Pendant dix ans, j'ai été invité à inspirer la jeunesse franco-canadienne, un peu comme il le faisait. J'espère y arriver à Prince Albert.

Enfin, ici, ça ressemble un peu à chez moi : j’ai juste remplacé la rivière Outaouais par la rivière Saskatchewan !

D’après vous, quelles sont les particularités de la francophonie à Prince Albert ?

Ce qui m’accroche le plus, c’est que l’immersion et la francophonie travaillent ensemble, ce qui est rare ailleurs au pays.

La SCFPA peut collaborer avec tous les jeunes parlant et comprenant le français. La francophonie s’exprime surtout à travers des traditions portées chaque année par certaines familles et personnes dévouées.

Le conseil d’administration a choisi de prendre le risque en prenant quelqu’un qui n’est pas originaire de la région. Ils sont prêts à innover et tenter de nouvelles choses. Il me soutient pleinement.

À quels défis la communauté locale est-elle exposée selon vous ?

Il y a un public francophone à trouver, notamment chez les Premières Nations, les Métis et les nouveaux arrivants.

Il est difficile d'inviter les francophones et francophiles puisqu'on est invisibles, sous la nécessité de devoir parler la langue majoritaire.

Le défi est donc d'améliorer la visibilité de nos activités pour atteindre ces groupes pour qu'ils entendent parler de nous. Il y a beaucoup de travail à faire à ce niveau.

Quel genre de projets prévoyez-vous ?

Nous allons continuer le travail amorcé par la direction précédente, mais nous avons déjà plusieurs idées. On va garder ce qui fonctionne tout en explorant de nouvelles activités.

Le Studio Gaetan Benoit reste une priorité. Je souhaite que les gens y créent du contenu fransaskois, incluant les aînés.

On lance aussi une soirée pour ados appelée LESQUADS, où des équipes de quatre jeunes alternent entre des défis en sports et jeux vidéo.

Il y aura une autre initiative en collaboration avec le jeune chef Josué Ngimbi qui s’appelle Régale ou Regret. Deux plats seront servis et les participants voteront avant et après avoir goûté pour voir s’ils sont contents de leur choix ou jaloux de celui des autres.

Enfin, on prépare la première édition de L’Acadie des Prairies, un festival prévu le 15 août pour créer un lien entre la culture acadienne et la fransaskoisie.

Un dernier mot ?

Je me sens privilégié de contribuer personnellement à l’avenir de la francophonie à Prince Albert.

Mon engagement avec la SCFPA restera indépendant du travail effectué par l’équipe du Réveil, qui poursuivra de son côté ses activités à l’occasion de ses 10 ans. Mes activités locales et mon rôle au niveau national resteront deux engagements entièrement séparés.

C’est un défi passionnant que j’ai hâte de relever avec la communauté et le conseil d’administration de la SCFPA.

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