Une nouvelle génération de réacteurs nucléaires en Saskatchewan

Une nouvelle génération de réacteurs nucléaires en Saskatchewan

Le gouvernement fédéral a récemment dévoilé son intention de donner un coup d’accélérateur à la filière nucléaire canadienne. Dans ce cadre, la Saskatchewan pourrait être parmi les premiers au monde à accueillir un nouveau type de réacteurs.

« Le nucléaire fait partie intégrante de l’avenir énergétique résilient et indépendant du Canada », a défendu le 5 mars dernier Jonathan Wilkinson, ministre fédéral de l’Énergie et des Ressources naturelles.

Le nucléaire est responsable d’environ 15 % de l’électricité produite au Canada, grâce notamment aux cinq centrales nucléaires et à leurs 17 réacteurs opérationnels installés pour la plupart en Ontario.

Dans l’Ouest, la Saskatchewan, l’Alberta, et dans une certaine mesure les Territoires du Nord-Ouest manifestent depuis quelques années un intérêt certain pour la filière.

D’après George Christidis, chef exécutif par intérim de l’Association nucléaire canadienne, ce regain d’intérêt depuis une dizaine d’années s’explique par les « nouvelles ambitions de lutte contre le changement climatique ».

D’après lui, les provinces des Prairies pourraient ajouter à leur mix énergétique des sources d’énergie atomique en suivant l’exemple de l’Ontario, qui tire à l’heure actuelle 55 % de son électricité du nucléaire.

Un réacteur nouvelle génération

Pour sa part, la Saskatchewan prévoit de compenser la fermeture de certaines de ses centrales à charbon par l’installation d’un petit réacteur modulaire (PRM) dans le sud de la province entre 2030 et 2040.

Le réacteur choisi, le BWRX-300 de GE-Hitachi, dont le développement est déjà en cours en Ontario, devrait ajouter 300 MW d'électricité à la grille énergétique de la province.

La création de ce nouveau type de réacteur nucléaire, de taille plus limitée et modulable dans ses fonctionnalités, représente d’après George Christidis une réelle opportunité pour la Saskatchewan.

« Construire sur les succès des entreprises comme Cameco ou Orano [les deux entreprises exploitant les mines d’uranium du bassin Athabasca, dans le nord de la province] représente une incroyable opportunité pour SaskPower », estime-t-il.

Toujours selon lui, la société d’État pourrait ainsi « développer une chaîne d’approvisionnement et favoriser la recherche universitaire dans le domaine, en plus de renforcer la place du Canada dans le monde ».

Un choix qui fait débat

Cette vision, bien que partagée par beaucoup d’acteurs du domaine énergétique, est quelque peu contestée par des organismes de défense de l’environnement, parmi lesquels la Société pour l’environnement de la Saskatchewan (SES).

Peter Prebble, membre du bureau exécutif de la SES, ancien député et membre de plusieurs cabinets provinciaux entre les années 1970 et 2000, n’est pas convaincu par les arguments du gouvernement.

« L’option nucléaire est tellement chère, avance-t-il, que pour ajouter 7 % d’électricité à la grille de la Saskatchewan, on augmenterait de près de 40 % la dette de SaskPower. J’aimerais beaucoup plus voir la Saskatchewan investir pour construire des énergies renouvelables […] ou dans des programmes d’efficacité énergétique. »

Peter Prebble s'interroge à la fois économiquement et éthiquement, car il n’est pas complètement certain que l’uranium canadien ne servira qu’à la production d’énergie.

« J’ai été très déçu avec l’historique du gouvernement canadien en matière d’exportation de nos réacteurs et de notre uranium », explique-t-il.

L’ancien homme politique fait ici référence à la vente d’un réacteur par le Canada à l’Inde dans les années 1970, qui a ensuite utilisé le réacteur pour développer l’arme nucléaire. Cet épisode avait donné lieu à un net refroidissement des relations entre les deux pays.

En outre, la SES souligne que la gestion des déchets nucléaires n’a toujours pas été résolue, et s’inquiète aussi des risques pour la sécurité que pose ce nouveau type de réacteur.

Arthur Situm, professeur à l’Université de Regina et spécialiste de la chimie des matériaux appliquée à la filière nucléaire, se veut rassurant sur la sûreté et la sécurité de ces nouveaux réacteurs.

D’après le scientifique, qui abonde dans le sens de l’Association nucléaire canadienne, « le système de refroidissement utilisé dans les PRM est le plus sûr qui soit ».

« Dans le PRM qui est prévu pour la Saskatchewan comme dans les réacteurs actuels, on utilise un refroidissement passif. Grâce à ce système, on s’assure qu’en cas de coupure de courant, le combustible est continuellement refroidi, au contraire de ce qui s’est par exemple passé à Fukushima en 2011. »

Enfin, il faut noter le rôle de la Saskatchewan dans l’alimentation en uranium des réacteurs développés au pays. En effet, le nord de la province dispose des gisements d'uranium à teneur élevée les plus importants au monde.

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