Le divorce parental vu et raconté par une enfant

Le divorce parental vu et raconté par une enfant

Dans son livre Le Trou de Serrure, paru en avril, la journaliste et auteure basée à Saskatoon Rita St-Michel revient sur les effets du divorce de ses parents. À travers un récit autobiographique documenté, l’auteure propose ainsi une réflexion sur les blessures invisibles laissées par les séparations conjugales dans la vie des enfants.

À l'âge de cinq ans, Rita St-Michel assiste à la séparation de ses parents. Cette expérience est restée marquante au point de devenir, trente ans plus tard, le sujet central de son ouvrage publié en autoédition sur la plateforme Amazon.

Le Trou de Serrure propose une plongée dans le regard de l'enfant témoin de cette rupture, tout en élargissant l’analyse aux conséquences psychologiques durables que peut entraîner une séparation familiale.

« J'étais loin d'imaginer que la scène que j’étais sur le point de découvrir allait me hanter jusqu’à l’âge adulte », dit-elle à propos du moment où elle observe ses parents à travers un trou de serrure.

Un fait de société

Selon Statistique Canada, environ 18 % des enfants âgés de 1 à 17 ans ont vécu la séparation ou le divorce de leurs parents en 2019.

Un phénomène particulièrement marqué chez les adolescents : 24 % des 12-17 ans ont connu la séparation de leurs parents. L’œuvre fait écho à cette réalité.

Selon l’auteure, les séquelles du divorce peuvent persister longtemps à l’âge adulte. Elle évoque des troubles de l’attachement, une peur de l’abandon ou une appréhension envers l’engagement matrimonial.

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Couverture du livre Le Trou de Serrure : Le divorce parental vu et raconté par une enfant. PHOTOS Crédits : Site web de Rita St-Michel

« Par séquelles, j’entends blessures invisibles, des conséquences qui, si elles ne sont pas travaillées, s’installent durablement », précise-t-elle.

À travers son expérience personnelle, mais aussi des témoignages recueillis auprès d'autres adultes issus de familles séparées, la femme de lettres dresse un portrait de ces blessures rarement abordées dans l’espace public.

L'écriture du livre a été motivée par un travail de mémoire personnel ainsi que par une volonté de mieux comprendre un phénomène social.

La journaliste de formation explique : « J’ai voulu aller plus loin que mon propre récit, en documentant aussi ce que vivent d’autres enfants du divorce à l’âge adulte. »

Dans la seconde partie de son ouvrage, l’auteure présente des récits anonymes accompagnés d'analyses fournies par des spécialistes en psychologie de l’enfance et en développement affectif.

« Ce sont des témoignages de personnes que j’ai connues ou croisées, parfois aussi issus de recherches. J’ai changé les noms pour préserver leur anonymat », indique-t-elle.

Selon elle, cette approche était nécessaire pour ne pas limiter le livre à une perspective strictement personnelle et pour proposer un ouvrage utile à un public plus large, composé notamment de thérapeutes, d’éducateurs et de professionnels de l’enfance.

Une voix à faire entendre

Rita St-Michel indique avoir voulu préserver la voix de l’enfant qu’elle était : « J’ai voulu que cet enfant arrête de pleurer », résume-t-elle.

Cette décision a orienté son style d'écriture, en lui permettant d'exprimer les perceptions, incompréhensions et émotions de l’enfance sans y superposer immédiatement une lecture adulte.

Elle décrit le processus d’écriture comme difficile par moments, nécessitant des pauses pour gérer la charge émotionnelle suscitée par la remémoration de certains souvenirs.

« À cinq ans, on voit, on comprend tout, mais on n'a pas encore les mots », explique-t-elle.

Le livre présente ainsi des scènes marquantes de son passé, dont celle d'une fillette agrippant la jambe de son père au moment où celui-ci quitte le foyer familial.

« C'était douloureux, mais salvateur », ajoute-t-elle au sujet de cet exercice de mémoire.

Au fil de son récit, Rita St-Michel aborde également la question du pardon, qu’elle considère comme une composante essentielle de son processus de reconstruction.

Elle explique que sa foi chrétienne retrouvée à l’âge de 28 ans a joué un rôle déterminant dans cette démarche : « J’ai compris que j’avais pardonné à tout le monde, sauf à mes parents pour leur séparation. »

Pour elle, pardonner signifie reconnaître les limites des adultes impliqués et tourner la page intérieurement : « Ils ont fait de leur mieux avec ce qu’ils savaient à ce moment-là », estime-t-elle.

En donnant la parole à l’enfant, Le Trou de Serrure propose une perspective à bonne hauteur. « Les enfants, même silencieux, voient tout et ressentent tout », rappelle l’auteure.

Selon Rita St-Michel, il est essentiel de « donner aux enfants la possibilité de s’exprimer, de mettre des mots sur ce qu'ils vivent » pour prévenir les séquelles invisibles à long terme. « J’aimerais que les enfants du divorce sachent qu’ils ne sont pas seuls », conclut-elle.

L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) souligne que les enfants vivant un divorce parental sont plus à risque de souffrir d’anxiété et de troubles dépressifs.

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