Élections fédérales : des Fransaskois de Prince Albert se confient sur leurs préoccupations
À l’approche des élections fédérales, L’Eau vive est allé à la rencontre de Fransaskois pour recueillir leurs opinions sur cette élection charnière. Dans un monde bouleversé et incertain, ces électeurs se confient sur leurs préoccupations et leurs motivations à participer au scrutin. Passage par Prince Albert.
Aiden Edwards
Quelles sont vos préoccupations dans ces élections ?
Cette élection est vraiment importante parce qu’on a le conflit avec les États-Unis. Pour moi, même si c’est difficile parce que c’est Trump qui est en face, c'est important d’avoir un leader qui veuille travailler et collaborer avec les États-Unis.
Una autre chose : le prix des maisons. Pour le moment à Prince Albert, c’est encore abordable comparé à d’autres villes, mais c’est cher quand même. Néanmoins, acheter une maison pour une personne de mon âge est devenu trop difficile.
Mais le problème plus grave, ici dans notre région, ce sont les drogues et les sans-abri.
Par rapport à ces problèmes, quelles solutions sont envisageables selon vous ?
Par rapport au problème de la drogue, il faut construire plus de prisons et des centres pour le traitement de ces gens-là. Le gouvernement doit arrêter avec la politique de « catch and release ». Nous avons besoin de plus d’argent pour résoudre ces problèmes.
Il faut aussi un plan pour fabriquer plus de maisons ici.
Quel genre d’avenir espérez-vous ?
J’aimerais voir un Canada plus uni. On le voit dans les compétitions sportives et maintenant avec ce mouvement patriotique qui monte un peu, mais ce n’est pas assez.
J’ai l’impression que nous sommes coupés de l’est et que les provinces comme l’Ontario et le Québec sont beaucoup plus écoutées que nous.
Je sais qu’on a moins de sièges au Parlement parce qu’on a moins de population, mais la voix des Prairies devrait être plus représentée. Nos votes comptent.
Quel rôle peut jouer la communauté francophone dans ce futur ?
Nous devons continuer avec le travail qu’on fait. Le français est la deuxième langue au Canada et il faut lui donner plus de visibilité.
Parfois, c’est un peu difficile pour les associations francophones de trouver des bénévoles. C’est compliqué chez les jeunes parce qu’ils ne sont pas intéressés à participer, mais je ne me décourage pas, il faut travailler avec les gens qui sont disponibles à aider à la communauté.
Dieudonné Nimubona
Quelles sont vos motivations à aller voter aux élections ?
Lors de cette élection, la question de notre relation avec les États-Unis a phagocyté les autres questions. La campagne électorale a été courte, nous n’avons pas eu vraiment le temps d’évaluer les programmes et les plans des candidats.
On a assisté également à la montée de certains discours polarisants, notamment sur la question de l’immigration. C’est inquiétant mais je pense que c’est pour bâtir une base électorale. En réalité, tout le monde sait que nous avons besoin d’immigration pour répondre aux besoins de main-d’œuvre. Nous verrons ce que les États-Unis font en la matière et si cela exerce une influence sur nos politiciens.
Ici à Prince Albert, nous avons le problème des sans-abri, mais il me semble que c’est un fléau présent dans toutes les grandes villes, malheureusement. Le prochain gouvernement devrait trouver une solution pour le long terme.
Êtes-vous confiant quant à l’avenir ?
Je suis toujours optimiste. Je pense que ce qui arrive présentement avec les États-Unis va aider à ce que le Canada aille vers d'autres horizons. Le Canada va devoir se prendre en charge, trouver des façons d'être autonome en cherchant d’autres partenaires. On a besoin de se développer et on devrait arrêter la dépendance avec les États-Unis.
Quelle place pour la communauté francophone dans ce futur ?
Si on devient le 51e État américain, c’est fini pour nous ! Sérieusement, je pense que la communauté francophone doit continuer ce qu'elle fait, à défendre les droits des francophones, à l'intégration des nouveaux francophones. Nous devons participer pour la rendre plus solide. J’imagine une communauté accueillante avec une vision.
Josée Bourgoin
Comment percevez-vous les enjeux de ces élections ?
C’est une élection particulièrement différente des autres, car la situation avec les États-Unis a pris le dessus. Cette élection préoccupe beaucoup les Canadiens, et on le voit car il y a une participation importante, les gens se sont impliqués.
En même temps, il me semble qu’il y a beaucoup de polarisation en ce moment, les gens se permettent de donner leur avis sans complexe, parfois sans avoir un avis formé sur un sujet.
La politique est devenue le terrain des uns contre les autres. On blâme et on se vise. Mais un gouvernement, c’est quelque chose de plus grand et complexe. Pour faire avancer les choses, il faut que tout le monde contribue. Je pense que nous subissons la mauvaise influence des États-Unis et de leur manière de faire de la politique.
Malheureusement, nous ne parlons pas d’autres choses, comme le système de santé. On dirait que les gens ont oublié qu’il était en crise.
Vers quel Canada aimeriez-vous avancer ?
Il faut encourager la solidarité entre concitoyens et entre provinces. Diminuer les barrières et les normes entre les provinces, car cela empêche le développement.
Parfois, c’est plus facile d’envoyer nos produits aux États-Unis que de les commercialiser entre deux provinces canadiennes. Cette histoire de 51ᵉ État nous a permis de réfléchir un peu à cette question.
J’aimerais aussi retrouver le Canada que j’ai connu quand j’ai grandi, où il faisait bon vivre, sécuritaire. J’aimerais ne plus retrouver de gens dans la rue. Ici, à Prince Albert, tu n’as pas besoin de fouiller pour trouver des gens dans cette situation. Nous sommes un pays riche, on devrait aider ces gens-là.
Quelle place aurait la communauté francophone dans ce Canada ?
La communauté francophone a toujours été très innovante et notre poids est grand par rapport à la petite taille de notre population.
Nous pouvons bâtir de belles choses, comme le projet de la nouvelle école communautaire. Ce serait peut-être le plus grand projet du Conseil des écoles fransaskoises dans la province, mais aussi du ministère de l’Éducation de la Saskatchewan.
Nous voulons nous assurer que les droits de notre communauté sont respectés. Le fait de rêver en grand va nous permettre de sortir de l’état de survie dans lequel nous étions. On ne peut pas s’épanouir quand on est en survie. J’espère que cela va créer un sentiment d’appartenance et de fierté, et que cela aura une influence positive sur d’autres communautés. C’est un long chemin.
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