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Le Fil fransaskois

Recherche contre le cancer : la mission discrète et pointue d’une Fransaskoise à Saskatoon

Depuis plus de trois ans, la docteure Sylvie Clairefond développe à l’Université de la Saskatchewan une biobanque, ou centre de ressources biologiques. Son objectif : conserver et classifier des échantillons de tumeurs opérées en Saskatchewan et permettre aux équipes de recherche de les utiliser pour leurs programmes.

Quand Sylvie Clairefond pose ses valises en 2021 à Saskatoon, c’est pour une bonne raison : l’ouverture d’une biobanque à l’université pour renforcer la recherche contre le cancer.

Lancée par les professeures Mary Kinloch et Laura Hopkins, respectivement pathologiste et oncologiste, la biobanque cherche à héberger des échantillons de tumeurs ovariennes prélevées sur des patientes opérées localement. Et c’est Sylvie Clairefond qui est choisie pour en assurer la gestion.

Depuis sa création, la biobanque a enregistré un peu plus de 300 patients, ce qui représente environ 7 000 échantillons, solides ou sanguins.

Ces échantillons, récoltés par la docteure Clairefond juste après l’opération du patient, sont traités, protégés et classés pour pouvoir ensuite être utilisés dans différents projets de recherche.

« L'avantage de la biobanque réside dans cette création de duplicata, ce qui fait qu’un patient pourra être inclus dans beaucoup plus de projets de recherche », explique la chercheuse.

« J’ai pu observer des études avec des échantillons conservés pendant 35 ans sans dégradation ! » précise-t-elle.

Centraliser les échantillons

La création et la gestion d’une biobanque est une affaire complexe, demandant un travail collectif et parfaitement coordonné.

« La discussion sur la collection d’échantillons et le biobanking est faite par l’équipe clinique, lorsque le patient vient pour consentir à la chirurgie », détaille la scientifique.

Une fois la procédure effectuée, et avec le consentement du patient, la responsable de la biobanque récupère le tissu prélevé, ainsi que des fluides, comme le sang, et les transporte au département de pathologie. Là, elle « récupère l’excès, ce dont le pathologiste n’a pas besoin pour effectuer son diagnostic ».

Jusqu’à la création de biobanques, les échantillons étaient stockés directement dans les laboratoires individuels des chercheurs.

Dès lors, les consentements donnés par les patients restent limités à ces stockages locaux, rendant presque impossible leur destruction, leur transfert dans une autre structure, ou leur utilisation dans d’autres projets de recherche.

L’existence de biobanques rend possible la centralisation de ces échantillons, et donc leur classification et leur utilisation de manière durable.

Comme l’explique Anne-Marie Mes-Masson, directrice de recherche et professeure de médecine à l’Université de Montréal, « sans les biobanques, il y a de nombreux grands projets de recherche pancanadiens pour lesquels nous n’aurions eu ni l’expertise ni l’accès aux échantillons ».

« L’effet de levier est énorme », poursuit la scientifique, qui a encadré la thèse de doctorat de Sylvie Clairefond.

L’implication des biobanques dans les projets de recherche représente ainsi des gains de temps énormes.

« Au lieu de perdre plus d’un an en passant par les agences individuelles, les chercheurs ont juste à venir chez nous et, en un mois, ils ont accès aux échantillons. Nous faisons le lien entre l’université, l'hôpital et l’agence provinciale de lutte contre le cancer », souligne Sylvie Clairefond.

Des échantillons prisés

Malgré leur utilité, les biobanques souffrent d’une difficulté de financement. La docteure Mes-Masson cite en souriant l’ancien premier ministre Jean Chrétien, qui citait certainement lui-même Petula Clark dans sa chanson de 1967 : « Tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir. »

De la même manière, soutient la chercheuse, « tout le monde veut avoir accès aux échantillons, mais personne ne veut payer pour la biobanque ».

Alors les scientifiques redoublent d’ingéniosité pour se démarquer et financer leurs projets : partenariats entre universités, services administratifs simplifiés et implications dans de nombreux projets de recherche en sont des exemples.

Malgré ces difficultés, la biobanque de Saskatoon continue de se déployer. Des tissus provenant de différents types de cancer sont progressivement intégrés à la base de données.

Des échantillons en provenance de Regina ont également fait leur entrée dans la biobanque, et ce, afin d’étendre sa couverture géographique et démographique.

« L’idée est que les patients aient les mêmes accès et les mêmes bénéfices à travers toute la province », justifie Sylvie Clairefond.

Et que des cancers plus rares puissent entrer dans le réservoir des échantillons disponibles pour les grands projets pancanadiens.

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